Jeudi 3 novembre, à proximité de la rue de Dunkerque, Strasbourg.
Il est 14h et nous nous apprêtons à déambuler dans les rues du quartier du port du Rhin, les yeux fermés. Le processus est simple, une personne gardera les yeux ouverts pour guider l’autre, aveugle, à travers les différents terrains du port. Les yeux fermés, nous partons explorer un terrain que nous avions visité quelques semaines plus tôt. Plongé dans le noir, le site me parait alors inconnu, les repaires disparaissent pour laisser place à certaines sensations étranges, parfois mystérieuses.
En enlevant l’un de nos sens les plus importants, et des plus vital de notre quotidien, le monde nous parait bien étranger. Les autres sens se mettent alors en éveil. On leur prête alors une attention plus particulière. Les sons deviennent des repères, et nous aident à qualifier certaines zones. Les différents bruits de voiture indique des zones de circulations. L’intensité de ces sons nous permettent aussi d’évaluer les dangers. Le passage d’un camion dans une petite rue étroite ou sur une artère de circulation importante sera différent. On distingue alors certaines choses, certaines différences que nous n’aurions pas discerné les yeux ouverts.
Le toucher est aussi mis à contribution. Les différences de sols se ressentent très vite, et devient à leur tour, des repères. On discerne très vite la traversée des zones urbaines des zones naturelles par la dureté des sols. L’odorat permet aussi lui aussi de distinguer certaines zones. Dans le quartier du port du Rhin, j’ai notamment pu distinguer les zones industrielles, des zones naturelles, mais aussi des zones d’habitation.
Privé de l’un de nos sens les plus indispensables, les yeux fermés, on se focalise d’avantage sur nos autres sens. Cela nous permet alors de ressentir des sensations nouvelles, sans intérêts auparavant.
RESSENTI AVEUGLE
Pour la première partie de la visite, nous partons de la place centrale du quartier, derrière la pharmacie. On distingue un léger bruit de circulation automobile en fond sonore. Les voitures paraissent loin, mais leurs présences restent évidente.
Puis on s’approche de plus en plus de la route, le sons des moteurs devient omniprésent, on n’entends plus que ça. J’imagine que nous nous arrêtons à un feu rouge piéton mais les yeux bandés et avec le bruit de la circulation, j’ai la sensation d’être en plein milieu de la voie, à une grande heure d’affluence. Nous traversons cet espace assourdissant, pour le laisser peu à peu derrière nous. J’ai eu ensuite la sensation de longer les nouveaux logements, récemment construit en direction du jardin des deux rives.
Ensuite, la coupure avec la bruit intense de la circulation se fait de plus en plus important. On a alors un long passage par le jardin des deux rives, plus aucun bruit n’est pas perceptible, juste le son léger du vent dans les arbres et celui de nos pieds dans l’herbe. Le toucher des matières naturelles nous permet aussi de comprendre l’espace. On a alors l’intention d’être dans une bulle. Puis on longe les quais du Rhin, avec le son du claquement de l’eau. De tout les endroits traversés les yeux fermés, je pense qu’il s’agissait de l’endroit le plus apaisant et le plus agréable. Le calme ambiant apaisait et laisser libre cours à notre imagination. Personnellement, j’ai eu la sensation de retrouver me retrouver dans un espace connu qui est le bord de mer.
Puis, j’ai eu la sensation que nous avons traversé la zone d’habitation, que l’on peut distinguer grâce aux sons plus léger, des bruits de pas, des personnes qui parlent ou des bruits de portières qui s’ouvrent ou se ferment. Les odeurs me permettent aussi de distinguer la zone dans laquelle nous nous trouvions, une odeur de plat mijoté, rappelle la place des habitations et des quelques restaurants locaux. Le trajet se termine en arrivant dans le début de la zone industrielle, cela se perçoit grâce aux odeurs et à la circulation qui redevient importante. Le bruit devient omniprésent et assourdissant.