Voici un état des lieux de ce qui a été mené en relation avec mon projet de mémoire :
Prise de contact avec 5 artisans : Violette Arbogast – Tailleuse de Pierre, Jean-François Hoefler – Forgeron, Virginie Gallezot – Céramiste, Xavier Noël Doreur et Jean-Luc Kuntz – tourneur sur bois.
Au cours de chaque rencontre mené dans l’atelier de l’artisan, j’ai interrogé, observé, écouté, mémorisé chaque artisan.Des enregistrements audio m’ont permis de mémoriser : leur définition de leur métier, la description d’un de leurs outils de travail et le bruit de leur pratique du métier. J’ai également pris les mains recto/verso en photo ainsi qu’un portrait de chacun dans son atelier. La volonté de mener un travail en collaboration avec eux leur a été évoqué et cela dans un souci de valorisation des savoir-faire d’un territoire et des ressources locales de ce dernier.
Actuellement 3 des 5 artisans rencontrés et près à mener un travail en collaboration avec moi. Il s’agit à présent pour moi de commencer mon travail de designer produit et d’ensuite reprendre contact avec les artisans pour mener échanges et réflexions sur l’objet suggéré. J’attends beaucoup des échanges qui vont être menés à deux ou trois. Car parfois, peut-être j’espère mettre en place des collaborations à trois (deux artisans et un designer) sur un objet.
En parallèle, mon travail consiste à valoriser l’artisanat d’art sur un territoire et cela à travers le tourisme. L’idée est de proposer une route des artisans et de leurs ressources, aux habitants d’un territoire et aux touristes qui le visitent. Une prise de contact avec L’ADT (Alsace Destination Tourisme) et la Frémaa (Fédération Régionale des Métiers d’Art d’Alsace) a été menée afin de peut-être reposer sur un partenariat concret.
De ce que l’on connaît, l’usager va voir l’artisan avec un besoin, l’artisan se fait alors concepteur et fabricant. Dans d’autres cas, le designer concepteur va voir l’artisan et ce dernier lui réalise sa demande. Le processus fonctionne généralement par binôme.
Comment intégrer le commanditaire usager dans le processus de conception d’un objet entre designer et artisan ?
Lors de ce temps d’agence, je souhaite inviter mes camarades à créer 5 scénarios de rencontre/de commande entre Artisan – designer – Usager
Au cours de ce temps d’agences, nous avons travaillé sur des scénarios possibles et des objets de concertation entre le designer, l’artisan et l’usager : Site internet de référence, carnet de santé ou carnet de bord de l’objet et ébauche d’un jeu ou d’un slide qui détermine, la forme, l’usage, les couleurs, les dimensions d’un objet. L’ensemble de ses outils permet à l’ensemble des protagonistes, qui participent à la création de cet objet, de suivre son évolution.
Durant ce workshop je propose aux étudiants designers de reconsidérer, perturber, repenser et transformer des objets Emmaüs. Cet atelier propose de se réapproprier l’objet. De découvrir des techniques, de découvrir de la matière et de la travailler.
Le workshop repose sur 3 temps de travail :
Un premier temps, où sur une journée de 8 heures à 4, nous nous sommes réappropriés les objets. Les débuts ont été difficiles car il était délicat d’imaginer et de transformer un objet dans un autre usage que celui qu’on lui connait. Les objets conçus, ont pour usage d’éclairer, faire de la musique, jouer ou tout simplement décorer … Nous avons conçu deux lampes, un hochet, un jeu avion …
Dans un autre temps, nous sommes allés à la rencontre de jeunes apprentis carreleur du Lycée Le Corbusier. Nous les avons invités à travailler sur les objets Emmaüs, mis à leur disposition, avec leurs techniques et savoir-faire : béton, brique, carrelage, faïence, … Ils ont construit une lampe, une chaise, un manteau et un coffre. Enfin ce moment nous a permis d’avoir un échange de connaissances : nous leur avons apporté des notions de design et ils nous ont apporté leur savoir-faire technique.
Au cours du dernier temps et avec les objets restant nous avons invités sur un très court temps (30 minutes) l’ensemble des élèves et enseignants du DSAA à repenser les objets. Cette rapide phase d’expérimentation a débouché sur la production d’objets étranges et étonnants. Elle a montré que chacun peut s’inventer « artisan créateur ».
Avez-vous déjà vu un ébéniste qui s’intéresse peu à la matière, peu à son odeur. Qui ne porte pas un vif intérêt pour son touché et qui ne connaît pas ou peu l’histoire du mobilier.
Et bien oui, il y a moi Morgane RATTON.
J’ai appris le métier d’ébénisterie et je possède le plus haut niveau dans ce domaine. Et pourtant, je suis loin de connaître toutes les essences de bois, leurs propriétés et leur histoire. Même si je peux relever des qualités esthétiques à une matière, vous ne m’entendrez pas vous dire que j’ai toujours aimé la matière, que j’aime la sentir, la toucher ou que je suis tombée dedans quand j’étais petite.
J’ai choisi d’apprendre l’ébénisterie pour mon intérêt pour le design de mobilier. Mais j’aurai pu tout aussi bien apprendre la tapisserie, apprendre la sculpture, apprendre la céramique. Car ce que j’aime, c’est le résultat, la forme qu’offre la matière une fois travaillée. Ce qui m’émerveille c’est cette capacité, ce don que possèdent certains de travailler de leurs mains une matière et de lui donner une forme. Une forme au sein d’une matière qui proposera finalement un usage.
Mon projet de l’année cherche à valoriser ce don que possèdent les artisans sur un territoire. Valoriser pour mieux connaître. Valoriser pour posséder d’avantage. Mon projet de l’année cherche à savoir comment moi designer, je peux aider à augmenter l’intérêt de tous pour les savoir-faire et les objets qui en découlent.
Et faute de pouvoir apprendre à maîtriser tous les savoir-faire, je tiens à les rendre plus visibles. Je souhaite collaborer avec des artisans afin créer des objets issus de ses savoir-faire.
Pour ce projet, j’ai choisi comme terrain de travail et d’expérimentation les ateliers des artisans. Mon travail reposera dans un premier temps sur la rencontre d’artisans, de designers et d’usagers.
La question de l’intérêt des uns pour les autres. La vision de leur métier, la vision de leur production et l’affection pour les objets possédés. J’étudierai les collaborations existantes et mènerai une expérimentation personnelle de la matière.
Dans un second temps et sur la base d’un cahier des charges, je proposerai à quelques artisans de mener un projet commun autour d’un usage. Je ne me limiterai pas aux artisans d’art mais je m’intéresserai également aux artisans du bâtiment.
Dans un dernier temps, je ferai le bilan de ces collaborations, des relations entretenues, des projets menés et des histoires commencées. J’irai à la rencontre de l’usager et du nouvel objet dont il se sera doté.