Mon projet s’implantera dans le quartier du port du Rhin. Mon but premier est de réintégrer la nature dans l’espace urbain et dans les modes de vie, comme un outils pour favoriser le lien social. J’ai pu observer et constater une séparation présente entre les habitants de l’ancien quartier et les arrivants des nouveaux logements. Avec une vision utopique, j’imagine alors créer un lieu de rassemblement pour l’ensemble des habitants du port du Rhin, sur le thème de la nature et de la végétation. Un lieu qui sera destiné à des professionnels et aux habitants, visant aussi à améliorer l’air et l’éco-système du quartier, anciennement pollué par son passé industriel. Les différents usages de ce lieu sont encore à définir plus précisément, mais j’imagine créer un lieu d’échange sur des techniques de jardinages ou de culture de façon écologique par exemple. Ce lieu serait aussi le point de départ d’ateliers menants à la « re-végétalisation » des rues du quartier par les habitants. Il serait situé dans la zone de l’ancien quartier, de la COOP ou vers le lit du petit Rhin, c’est mon grand questionnement actuel.
À suivre …
Ce jeudi 5 janvier, le projet a été travaillé avec un groupe sous forme d’agence, un temps consacré au travaille avec les élèves de premières et deuxièmes années sur l’évolution du projet, et sur une demi journée. Chacun a un rôle défini, certains se sont lancés dans des maquettes, d’autres dans des croquis. Pendant 4h, l’équipe a notamment pu aboutir à l’élaboration d’un kit de jardinage, une affiche qui pourra servir lors d’un événement dans le quartier du port du Rhin et des maquettes de principes pour créer un lieu de rassemblement au sein du quartier. Ce temps de création a permis de réaliser des prototypes ou donner vie à des idées qui seront peut-être développées par la suite, dans le projet.
Cette installation s’est créée lors de la semaine de workshop «Gap Game». Elle s’est déroulée du 5 au 9 décembre avec la participation des premiers années.
Accompagnée de trois étudiants, j’ai eu l’occasion de créer un jeu en lien avec mon projet. Le but était de valoriser les espaces naturels dans le quartier du port du Rhin. Nous avons donc créé un parcours partant du nord de l’île et se terminant dans le jardin des deux rives. Le départ et l’arrivée sont symbolisés sur place par des pupitres relayant les instructions nécessaires au bon déroulement du parcours. Les points intermédiaires sont quant à eux visibles grâce à la précense de totems.
Au départ, la visiteur dispose d’une carte avec un parcours à suivre et de sachets permettant de ramasser des échantillons. Le but est d’arriver au point final tout en suivant le parcours et en ramassant tous les échantillons de nature dont il a envie. A l’arrivée, le visiteur inscrit le nom qu’il veut sur chacun des échantillons. On crée alors un «herbier» du quartier grâce à l’intervention des habitants. Chacun découvre des endroits naturels qu’il n’avait peut être pas remarqué auparavant.
Jeudi 3 novembre, à proximité de la rue de Dunkerque, Strasbourg.
Il est 14h et nous nous apprêtons à déambuler dans les rues du quartier du port du Rhin, les yeux fermés. Le processus est simple, une personne gardera les yeux ouverts pour guider l’autre, aveugle, à travers les différents terrains du port. Les yeux fermés, nous partons explorer un terrain que nous avions visité quelques semaines plus tôt. Plongé dans le noir, le site me parait alors inconnu, les repaires disparaissent pour laisser place à certaines sensations étranges, parfois mystérieuses.
En enlevant l’un de nos sens les plus importants, et des plus vital de notre quotidien, le monde nous parait bien étranger. Les autres sens se mettent alors en éveil. On leur prête alors une attention plus particulière. Les sons deviennent des repères, et nous aident à qualifier certaines zones. Les différents bruits de voiture indique des zones de circulations. L’intensité de ces sons nous permettent aussi d’évaluer les dangers. Le passage d’un camion dans une petite rue étroite ou sur une artère de circulation importante sera différent. On distingue alors certaines choses, certaines différences que nous n’aurions pas discerné les yeux ouverts.
Le toucher est aussi mis à contribution. Les différences de sols se ressentent très vite, et devient à leur tour, des repères. On discerne très vite la traversée des zones urbaines des zones naturelles par la dureté des sols. L’odorat permet aussi lui aussi de distinguer certaines zones. Dans le quartier du port du Rhin, j’ai notamment pu distinguer les zones industrielles, des zones naturelles, mais aussi des zones d’habitation.
Privé de l’un de nos sens les plus indispensables, les yeux fermés, on se focalise d’avantage sur nos autres sens. Cela nous permet alors de ressentir des sensations nouvelles, sans intérêts auparavant.
RESSENTI AVEUGLE
Pour la première partie de la visite, nous partons de la place centrale du quartier, derrière la pharmacie. On distingue un léger bruit de circulation automobile en fond sonore. Les voitures paraissent loin, mais leurs présences restent évidente.
Puis on s’approche de plus en plus de la route, le sons des moteurs devient omniprésent, on n’entends plus que ça. J’imagine que nous nous arrêtons à un feu rouge piéton mais les yeux bandés et avec le bruit de la circulation, j’ai la sensation d’être en plein milieu de la voie, à une grande heure d’affluence. Nous traversons cet espace assourdissant, pour le laisser peu à peu derrière nous. J’ai eu ensuite la sensation de longer les nouveaux logements, récemment construit en direction du jardin des deux rives.
Ensuite, la coupure avec la bruit intense de la circulation se fait de plus en plus important. On a alors un long passage par le jardin des deux rives, plus aucun bruit n’est pas perceptible, juste le son léger du vent dans les arbres et celui de nos pieds dans l’herbe. Le toucher des matières naturelles nous permet aussi de comprendre l’espace. On a alors l’intention d’être dans une bulle. Puis on longe les quais du Rhin, avec le son du claquement de l’eau. De tout les endroits traversés les yeux fermés, je pense qu’il s’agissait de l’endroit le plus apaisant et le plus agréable. Le calme ambiant apaisait et laisser libre cours à notre imagination. Personnellement, j’ai eu la sensation de retrouver me retrouver dans un espace connu qui est le bord de mer.
Puis, j’ai eu la sensation que nous avons traversé la zone d’habitation, que l’on peut distinguer grâce aux sons plus léger, des bruits de pas, des personnes qui parlent ou des bruits de portières qui s’ouvrent ou se ferment. Les odeurs me permettent aussi de distinguer la zone dans laquelle nous nous trouvions, une odeur de plat mijoté, rappelle la place des habitations et des quelques restaurants locaux. Le trajet se termine en arrivant dans le début de la zone industrielle, cela se perçoit grâce aux odeurs et à la circulation qui redevient importante. Le bruit devient omniprésent et assourdissant.
Jeudi 13 octobre, école internationale du port du Rhin.
Première exploration du terrain d’expérimentation : le port du Rhin. Le secteur du port du Rhin est un quartier en pleine mutation, le réaménagement total de la zone frontalière a débuté en 2010. Nous partons donc, en labo, et à vélo, explorer ce vaste espace.
Premier arrêt à l’école internationale, rénovée entre 2012 et 2015, elle accueille aujourd’hui des enfants de la maternelle à la primaire de toutes origines, des enfants vivant aussi bien à Kehl qu’à Strasbourg. Cette école cherche à développer les capacités de l’enfant grâce à des techniques d’enseignements allemande. Les élèves reçoivent les cours dans les deux langues, les aires de jeux extérieures sont adaptées à leurs âges et leur motricité. Un petit carré de potager y est même installé.
La journée se poursuit avec l’exploration de la zone portuaire au nord de l’Ile aux épis. Nous pouvons alors constater très vite des différences entre les différents espaces de l’Ile. On distingue une zone de logements anciens et neufs, autour de l’axe qui relie Strasbourg à Kehl. Une zone qui est en construction depuis 2010, dynamisée par la future arrivée du tram de Strasbourg. Au nord de cet axe, on retrouve la zone portuaire avec tous les anciens bâtiments de la COOP qui sont aujourd’hui à l’abandon ou utilisés comme ateliers d’artistes. C’est une zone entièrement industrielle, rythmée le jour par les flux constants de camions.
Pour terminer cette exploration urbaine, nous terminons la journée par un passage par la ville de Kehl, ville frontalière au bord du Rhin. Il s’agit principalement d’un lieu de passage pour arriver en Allemagne, mais aussi d’une zone pavillonnaire très différentes du système français. Au détour d’une allée, nous tombons dans un petit parc le long d’un canal, très calme, pourtant à deux pas du centre ville et de la métropole Strasbourgeoise. Notre périple se termine par un passage sur la passerelle des deux rives, qui relient pour les piétons et vélos, l’Allemagne à la France, en passant par le jardin des deux rives. Un endroit vert, agréable et paisible, très appréciés des habitants de la métropole le dimanche.
Dans le cadre de mon projet, je m’intéresse aujourd’hui à la place de la nature et de la végétation dans l’espace urbain. Ayant grandi à la campagne, je suis sensible aux questions de nature et de verdure. J’explore ainsi la question de l’amélioration de la qualité de vie d’un quartier en ville grâce à l’intégration de la nature.
Mon terrain d’expérimentation sera celui du port du Rhin. Une zone en totale reconstruction entre Strasbourg et Kehl, bordée par le Rhin. Ce vaste espace se reconstruit depuis quelques années mais les traces du passé industriel restent très présentes. Il s’agit d’un terrain pollué avec certaines zones encore en friches. La zone se situant autour de l’axe principal Strasbourg-Kehl est très artificiel et récemment construit. Dans les zones restantes qui sont délaissées, la nature reprend peu à peu ses droits, les mauvaises herbes se ré-approprient l’espace. J’expérimenterai sur ce terrain grâce à des ateliers et diverses expériences avec les habitants du quartier, ainsi que les enfants de l’école internationale.
Mon but premier est de réintégrer la nature dans l’espace urbain, mais j’imagine ce projet grâce à l’intervention des habitants. Chacun actera dans son propre quartier pour le rendre plus vert et plus agréable. Le citadin apprends ainsi son rôle de citoyen en devenant acteur de son propre quartier, et en se mélangeant aux autres. Dans la dimension d’espace, j’imagine un processus de co-conception, construire et concevoir avec des experts, mais aussi avec les habitants.
Avec une vision utopique, j’imagine lier les habitants à leur quartier, par différents ateliers et différents processus de partage autour du thème de la végétation urbaine. Je visualise alors un endroit central qui est un espace commun aux habitants du quartier : un espace propice à la détente, aux échanges, et à l’éveil des sens autour de la végétation. Le processus de végétalisation du quartier se pense ainsi à moyen terme. Les habitants deviennent acteurs de ce processus, à travers différents ateliers. On imagine alors des ateliers réguliers organisés et réalisés par les habitants dans le but de valoriser leur quartier et leur territoire par l’intervention de la végétation dans le milieu urbain. Cela mettra en lumière le partage d’expériences et de connaissances en terme de nature.
Grâce à ce projet, on assiste à un renforcement de la vie de quartier et l’amélioration de la qualité de vie des habitants du quartier, au quotidien et dans l’espace public.