Comment permettre à des usagers de faire réparer leurs objets cassés par des artisans locaux ?
bibliographie commentée – Clémence Braud
Design
BERTRAND, Gwenaëlle et FAVARD, Maxime, 2020. Sciences du Design: Le design à l’épreuve des déchets manufacturés : un anti-paysage à hériter. . janvier 2020. N° 11, pp. p 70-79. Dans le sillon des thèses effondristes qui alertent sur la finitude des ressources naturelles, l’article contribue à relever les puissances d’agir des designers et des individus face à l’excédent des matières manufacturées. La quantité et la diversité d’objets collectés dans les centres de tri témoignent, en effet, de l’intérêt d’organiser ces matières en tant que ressources nouvellement utiles à la conception. À ce titre, les rebuts déversés dans les décharges légales et illégales composent notre héritage matériel, un anti-paysage informe, indéterminé et toutefois déterminant pour les années à venir. Les pratiques locales de collecte, de réparation et de production deviennent ainsi une manière d’hériter de la civilisation industrielle.
Cet article me semble intéressant dans la mesure où il traite d’une part de la crise écologique à laquelle nous faisons face et de l’accumulation de rebuts, mais également du rôle que nous, designers, mais également individus à part entière pouvons tenir. Le point sur lequel je souhaite apprendre de cet article c’est la place du designer dans la lutte quotidienne pour l’environnement, particulièrement le problème de la considération et l’utilisation des rebuts.
5.5 DESIGNERS, 2004. Sauver les meubles. Jean-Michel Place. Design. ISBN 2-85893-773-7.
Cet ouvrage à été rédigé par le collectif des 5.5 designers. Ces derniers sont déjà à l’origine d’un projet de design autour de la réhabilitation des objets : réanim. Ce projet considère l’objet cassé comme un patient blessé et cherche à mettre en avant la réparation en plus de remettre l’objet en état.
Il me paraît intéressant de prendre connaissance de cet ouvrage au vu des considérations du projet réanim mené par ce collectif. Cependant, aucun article, résumé, ou commentaire ne vient valider la pertinence de cet ouvrage ni le sujet réel ou la forme du contenu (étude de cas, argumentation…).
Sociologie
BELLAGAMBA, Laetitia, 2007. La pratique de récupération d’objets mis au rebut dans l’espace public [en ligne]. Disponible à l’adresse : https://consommations-et-societes.fr/uploads/uploads/documents/200902LAETITIAMemoireMaster2LaetitiaBellagambalarecuperationdanslarue.pdf
Avant d’envisager la réparation en elle même il me semble essentiel de comprendre le contexte et les comportements liés à la consommation et aux déchets. Ce mémoire me permet d’en apprendre d’avantage sur le rapport aux objets et aux rebuts : À partir de quel moments un objet devient-il un déchet ? Pourquoi jette-t-on ces objets ? Mais également d’accéder à une étude sociologique des comportements : Pourquoi certains réparent et d’autres pas ?
GUILLARD, Valérie, 2019. Revue française de gestion : Comprendre le gaspillage perçu des objets. . mars 2019. N° 280, pp. 89‑106. Le sujet de cet article est le gaspillage des objets. Il permet de comprendre ce à quoi renvoie l’usage du terme « gaspillage » pour des objets par leur possesseur. Cet article apporte en creux des éléments que les organisations pourraient mobiliser pour mieux sensibiliser les individus contre le gaspillage des objets. À partir de vingt-et-un entretiens et des observations à domicile, les résultats de cet article montrent que les individus se réfèrent aux utilités passée et future pour eux et pour autrui pour qualifier une situation de gaspillage pour des objets. Les implications sociétales et managériales sont alors discutées.
Cet article traite de la thématique du gaspillage, lié de toute évidence à la question du rebut. Mon projet n’est pas simplement de réparer les objets mais bien de sensibiliser autour de la possibilité de réparer et lutter contre la consommation, contre le gaspillage. Les entretiens que présente cet article me permettent de comprendre en partie le lien qu’entretiennent les gens avec le gaspillage.
Ethnographie / culturel
DEBRAY, Octave et TELLIER, Arnaud, 2004. L’Homme : objets de peu. . fevrier 2004. N° 170, pp. 117‑137. À partir d’une approche ethnographique, ce texte analyse la manière dont le marché à réderies, ou vide-grenier, propose un mode communautaire de recyclage des objets de peu. À l’extrême de leur fonctionnalité, de leur valeur d’usage, s’entrevoit en eux la possibilité du rachat de l’histoire comme conservation de ce qui ne doit pas disparaître. Ce rachat repose sur l’accomplissement d’un travail de mémoire par lequel l’histoire se voit triée, jugée et construite. La dette envers l’histoire, par l’intermédiaire de l’objet, peut s’entendre comme devoir de mémoire.
Cet article examine la seconde vie que l’on donne aux objets en France, à travers les vide grenier notamment. Il s’attache à l’aspect culturel de ces formes d’échanges. Il me paraît intéressant d’examiner ces pratiques pour comprendre la perception de l’objet devenu indésirable. Qu’est ce qui fait qu’un objet indésirable pour une personne soit utile pour une autre ? La question de l’utile et la question de la valeur de l’objet des dimensions qui doivent être considérées dans un projet de remise en état du rebut.
JOULIAN, Frédéric, TASTEVIN, Yann Philippe et JAMIE, Furniss, 2016. Techniques et cultures : réparer le monde, excès, reste et innovation. . 2016. N° 65‑66. Comment penser la production toujours plus excessive des restes de nos sociétés ? Comment repérer des espaces de créativité et d’innovation dans ce qui apparaît comme une des faces les plus refoulées de notre modernité ? Ce numéro exceptionnel de Techniques&Culture livre un panorama international et varié des recherches sur les restes : de la géographie de la couronne de satellites poubelles autour de notre planète à une ethnographie du 6e continent de plastiques, en passant par une anthropologie des déchets ménagers ou « anatomiques » ou encore par l’exposé de différentes innovations sociales et techniques répondant aux excès des sociétés modernes. Il permet au lecteur de fonder une pensée, ou plus simplement, de s’orienter face aux discours alarmistes ou aux utopies technicistes. Dans cette nouvelle formule de la revue, les écrits des sciences humaines se déclinent sous différentes formes d’écritures, brèves et illustrées dans cette version imprimée, ou plus étendues et réticulées, dans la version en ligne. Aux curieux et récupérateurs en tout genre ; bonne exploration ! L’ouvrage que vous avez en main est aussi la synthèse d’un projet collectif attaché à explorer les significations sociales du reste et des déchets que nous avons mené depuis 2011 à l’EHESS et au MuCEM dans le cadre de différents séminaires et rencontres scientifiques synchrones de la préparation de l’exposition « Vies d’Ordures ! », prévue en 2017.
Cet ouvrage est l’un des écrits co-rédigé par Yann Philippe Tastevin, chercheur et anthropologue, avec deux autres anthropologues. Les “restes” sont les sujets principaux de mon projet, ils sont une des conséquences de notre mode de consommation toujours plus excessif. Notre surconsommation ne touchant pas seulement les objets mais aussi l’énergie et les ressources, il me paraît alors important d’avoir pleinement conscience, et de manière isolée des autres causes, des problèmes environnementaux que posent l’accumulation des déchets. De plus cet ouvrage me permet d’être informée des différentes opinion qui s’opposent dans ce combat pour l’environnement afin de connaître les possibles réticences à la réparation.
SPERANZA GETANO, 2007. Objets blessés : la réparation en Afrique. 5 continents. quai branly. Musée du quai Branly, la collection. ISBN 978-88-7439-380-0.
La réparation est pratique qui existe déjà depuis plusieurs années et dans de nombreux pays, notamment dans les pays en développement. Elle relève alors davantage d’un besoin que d’une considération écologique. Le mode de consommation et les moyens des citoyens étant différents, la possibilité d’acheter et jeter sans cesse n’est pas à la portée de tout le monde
La réparation est malheureusement peu pratiquée en France, et surtout très peu mise en valeur. Cet ouvrage me permet de découvrir ce qui existe déjà dans le domaine de la réparation à une échelle mondiale. Ceci me permettra d’être capable de réinvestir certaines méthodes ou considérations dans mon processus de réparation.
Technique
OROZA, Ernesto, 2019. Techniques et culture : subvertir la panne. . fevrier 2019. N° 72, pp. 108‑125. Sur la base d’une enquête de longue haleine sur les pratiques de bricolage cubaines, nées pendant la « période spéciale en temps de paix » sur l’île après la chute de l’URSS, cette contribution décrit les formes vernaculaires de « désobéissance technologique ». À partir d’un corpus de pratiques qui corrigent à l’avance les défaillances éventuelles, j’analyse les processus créatifs « prophylactiques » qui précèdent et soutiennent la réparation. Ce portfolio est une archive des subversions discrètes d’objets du quotidien qui nous permettent encore de surmonter le moment de leur rupture.
Oroza est l’auteur de Rikimbili, un ouvrage qui présente les pratiques de réparation, de détournement et de réutilisation d’objets techniques à Cuba lors du blocus. Il y explique que les cubains, dans ces bricolages, envisagent les potentialités techniques des composants de l’objet indépendamment de l’objet et sa fonction première. Cet artiste designer s’intéresse à la désobéissance technologique et a rédigé plusieurs ouvrages et articles sur le sujet.
Cet article s’intéresse au même sujet, à la différence qu’il ne s’agit pas de réparer un objet en panne mais d’augmenter cet objet afin qu’il ne tombe pas en panne. Cet article propose un axe de réflexion sur la manière de lutter contre la société de consommation et l’obsolescence programmée. Ces mêmes considérations sont à l’origine de mon projet.
Il s’agit là d’une analyse plus technique des “réparations”. En effet, la désobéissance technologique se pratique avec des objets du quotidien de l’ordre de l’électroménager, du technologique et technique. Même si je ne travaille pas autour de la réparation de ce type d’objet, l’aspect technique, l’analyse de l’utilité de chaque partie de l’objet est nécessaire pour ne pas perdre de vue l’objectif de remise en état.
Par ailleurs l’aspect vernaculaire est inhérent à la pratique de ce type de réparation. Il s’agit d’une réflexion autour des ressources accessibles localement qui me paraît intéressant dans le cadre de mon projet et de ses considérations écologiques.
Écologie
BIHOUIX Philippe, 2014. L’âge des low-tech. Seuil. Face aux signaux alarmants de la crise globale – croissance en berne, tensions sur l’énergie et les matières premières, effondrement de la biodiversité, dégradation et destruction des sols, changement climatique et pollution généralisée – on cherche à nous rassurer. Les technologies ” vertes ” seraient sur le point de sauver la planète et la croissance grâce à une quatrième révolution industrielle, celle des énergies renouvelables, des réseaux intelligents, de l’économie circulaire, des nano-bio-technologies et des imprimantes 3D.Plus consommatrices de ressources rares, plus difficiles à recycler, trop complexes, ces nouvelles technologies tant vantées nous conduisent pourtant dans l’impasse. Ce livre démonte un à un les mirages des innovations high tech, et propose de prendre le contre-pied de la course en avant technologique en se tournant vers les low tech, les ” basses technologies “. Il ne s’agit pas de revenir à la bougie, mais de conserver un niveau de confort et de civilisation agréables tout en évitant les chocs des pénuries à venir. S’il met à bas nos dernières illusions, c’est pour mieux explorer les voies possibles vers un système économique et industriel soutenable dans une planète finie.
A travers cet ouvrage Bihouix cherche à nous exposer la réalité des problèmes environnementaux dans leur totalité. Il s’appuie sur ce constat pour promouvoir les low tech et leur pertinence par rapport au contexte de crise actuel. Diplômé ingénieur par l’école centrale Paris, il est spécialiste des ressources énergétiques et particulièrement de l’épuisement de celles ci. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur cette thématique
Cet ouvrage démontre la pertinence et la nécessité de freiner notre consommation. Il place des données chiffrées sur le contexte d’épuisement des ressources qui me permet de justifier la pertinence de mon projet autour de la thématique de la réparation. En quoi réparer devient quelque chose de nécessaire aujourd’hui ?
Politique
GOYON, Marie, [sans date]. Techniques et culture : l’obsolescence déprogrammée : prendre le parti des choses pour prendre le parti des hommes. . Cet article interroge la dimension politique de la seconde vie des objets et matières à travers la réparation et la « bidouille », dans les mouvements fablabs, makers et repair cafés. S’ils peuvent être divers par la sociologie des acteurs, lieux et historiques de création, nous nous demanderons si le commun de ces lieux n’est pas de développer une forme d’utopie sociale interrogeant le transfert d’expériences et de savoir-faire entre de traditionnels experts de la conception et de la fabrication (ingénieurs et designers en particulier) et le « grand public », à travers un mouvement qui prône la participation et l’open source. Une forte dimension proprement anthropologique et politique se déploie dans ces initiatives, dans le rapport au corps et à l’expérience du « faire », par la réappropriation de la technologie et des outils de production et conception d’objets. L’exemple d’un « laboratoire de l’obsolescence déprogrammée » au sein d’un fablab lyonnais fonde le support de cette analyse qui interroge les notions de « démocratie technique » et de « désobéissance technologique » par le travail sur les rebuts ou restes.
La question de la réparation touche des enjeux politique et sociaux. Par la réparation je cherche à proposer des moyens de lutter contre la société de consommation. Il y a donc ici un engagement. Il existe déjà des initiatives engagées en ce sens. Pour mener ce projet, il me faut être consciente de la portée de mon discours et des mouvements connexes à celui-ci.
Artistique / Philosophie
DUGAVE, Chantal, [sans date]. De la réparation à la reliance. Le rôle du faire ? Laboratoire GERPHAU : ENSA Paris La Villette. http://www.chantaldugave.net/uploads/images/CDugave-De_la_reparation_a_la_reliance.pdf
Si mon projet n’est pas de réaliser un bel objet mais bien de réparer, de remettre en fonction un objet, la part du beau n’est pas négligeable. Mon projet tourne autour de la revalorisation de la réparation et des objets cassés. Au delà de l’aspect technique, il me faut envisager l’aspect esthétique de la réparation pour la rendre désirable.
Cet article met en avant différentes formes de réparation et de reconstruction que l’auteur appréhende comme des “blessures”. Cette vision philosophique donne matière à réfléchir autour de la manière dont on considère l’objet indépendant de son “histoire”. La réparation ne devrait pas être masquée, dissimulée mais au contraire mise en avant.