Entre-nous

Ma recherche porte sur l’entraide mais plus précisément sur la volonté de valoriser les compétences afin de favoriser la création de cette dernière. L’objectif de ma recherche est tout d’abord de comprendre les notions de « compétence » et « d’entraide » ainsi que de comprendre les enjeux qui découlent de ces notions afin, de savoir ensuite, ce qu’il est possible d’améliorer.

L’entraide est continuellement autour de nous, que ce soit de manière formelle ou informelle. En effet, de nombreuses structures et dispositifs sont mis en place pour que ces notions existent au sein de notre société. Ils visent à créer du lien, du partage et à limiter la solitude que ce soit au quotidien ou des contextes précis (difficultés financières, événements exceptionnels, accompagnement,…). Cependant, les moyens développés par les structures et les dispositifs peuvent être très formels ce qui peut s’avérer être inefficace. Certains usagers ne sont pas réceptifs à ce type de soutien et de partage. Ainsi, il est nécessaire d’encourager une entraide plus informelle et laisser une certaine autonomie et liberté vis-à-vis de cette dernière. En observant autour de nous, on s’aperçoit rapidement que l’entraide est bien présente et qu’elle peut être marquante même en étant simple. J’apprécie savoir que « de petites choses peuvent faire la différence », d’où ma volonté d’aborder ces sujets de manière plus informelle. L’entraide est plutôt naturelle, c’est pourquoi il suffit parfois de simplement rappeler aux usagers qu’elle existe et de les accompagner à renouer avec celle-ci.

Ma recherche s’est déroulée en plusieurs étapes. J’ai commencé par rencontrer des usagers dans différents contextes pour parvenir à déclencher des échanges sur leurs ressentis et leurs visions concernant l’entraide. Je me suis aperçue qu’ils n’étaient pas toujours conscient de sa présence. La discussion, qui paraissait au départ légère, prenait de l’ampleur et leur demandait au final une réflexion. Ce constat a quelque part été motivant. Ensuite, un travail de documentation est né. Il m’a permis de mieux comprendre l’aspect formel de la question mais aussi d’accéder à des constats de psychologues et de sociologues tels que Claire Héber-Suffrin. Leurs constats suite à des observations, des expérimentations m’ont été bénéfiques pour mieux cerner ce qui a déjà été fait mais aussi pour cerner les usagers, leurs fonctionnements et leurs positionnements. En parallèle de cela, j’ai mis en place mon atelier outillé. L’objectif était premièrement d’échanger avec les usagers. Ma demande était simple : « racontez moi une anecdote d’un moment où l’entraide vous a marquée ». J’ai compris que ce n’était pas si simple quand je les ai vu réfléchir pour au final pas savoir quoi me dire. Ceux qui ont su me répondre m’ont raconté des anecdotes assez improbables et ponctuelles mais personne ne m’a parlé d’habitude contrairement ce à quoi je m’attendais. Pour moi cela signifie que soit les participants se sont sentis obligés de me donner une réponse élaborée, quitte à ne pas me répondre, soit ils ne sont pas conscients de ce qui les entoure. Durant l’échange, je leur demandais de me préciser où avait lieu l’entraide géographiquement afin que je puisse déterminer la proximité de l’entraide. Tout cela était ensuite mis en lien avec mon dispositif. Ce dernier apparaissait comme une carte sous forme de cible où, du centre vers l’extérieur, on retrouvait les zones : « moi », « chez moi », « mon immeuble », « mon quartier » et « autre ». Une première punaise en « moi » représentait le participant. Un lien était créé avec une autre punaise dans un des quatre « lieux », reliée par un fil. Enfin, une dernière punaise était reliée à ces éléments avec l’anecdote qui avait été racontée à l’extérieur de la carte. Cela rendait l’atelier visuel, il restait une trace et les liens émergeaient. Tous ces éléments m’ont permis de comprendre qu’en dehors de cas exceptionnels (pandémie, catastrophes naturelles ou non,…) les individus ne sont pas forcément conscients de cette notion d’entraide. Elle devient marquante quand elle sort du quotidien et dans ce cas, elle devient importante. L’entraide au sein des foyers est banalisées alors que quand elle en sort, elle devient valorisante et les usagers se sentent utiles. Cela joue sur leur rapport à eux-mêmes. L’entraide est positive et se lie à la collaboration. Elle devient une force en ce qui concerne le renforcement des liens sociaux, du partage et de la solidarité.

Je peux conclure de cela que l’entraide, est un moyen « simple » d’apporter du positif au sein de notre société. La valoriser pourrait simplifier les échanges entre les usagers, fluidifier le partage de savoirs et de compétences et ainsi faire entrer en jeu la notion de transmission et pourquoi pas, de mémoire. Elle invite les usagers à se soutenir et à collaborer. Ces derniers, se sentent valorisés au point de parfois la lier à leur profession en travaillant alors pour le bien-être des autres. C’est une solution contre des problématiques de notre société. Notamment concernant contre l’isolement qui ressent particulièrement en zone urbaine. En effet, durant l’un de mes entretiens sociologique, il avait été abordé que cet isolement se ressentait moins en zone rurale car les liens existent toujours, les usagers sont moins transparents qu’en ville. En zone rural, l’entraide est quotidienne et la vie fonctionne grâce à ces échanges. L’entraide est indispensable même si la société se veut de plus en plus individualiste. Cela peut toujours être contré et comme dit précédemment «  de petites choses peuvent faire la différence ». Il suffit de faire un peu plus attention à ce qui nous entoure.

Pour mettre en place l’entraide, on pourrait imaginer une rencontre entre les usagers à un événement exceptionnel : par exemple, une fête. Durant mes recherches, j’ai vu que la convivialité était la base de tout cela et que les fêtes correspondaient à des moments opportuns à la rencontre, au partage et à un sentiment d’apaisement. Un jeu, créé pour l’occasion, pourrait lancer le dialogue et pourrait permettre de cerner les besoins, les envies et les savoir-faire pour permettre de faire ressortir un échange, espérons-le, durable.