Atelier outillé

Objectif :

Cet outil a pour objectif de déterminer si les enfants identifient des compétences physiques à un genre. Il me permettra de découvrir si les stéréotypes de genre influent sur la prise de décision pour choisir l’atelier, ainsi que leurs représentations des capacités physiques. Pour mener à bien cet atelier outillé sur les stéréotypes de genre, j’ai conçu 4 ateliers sportifs. L’objectif était de réunir 12 enfants, soit 6 filles et 6 garçons, répartis en 3 équipes de 4 participants, garantissant une égalité parfaite entre les sexes. J’ai structuré 4 ateliers sportifs représentant différentes compétences physiques : deux ateliers traditionnellement associés à des caractéristiques masculines (force et précision) et deux ateliers perçus comme féminins (équilibre et souplesse). Le choix des couleurs : orange, marron, vert et jaune, a été délibérément réfléchi pour éviter toute connotation genrée. Cette méthodologie visait à observer objectivement comment les enfants choisissent et perçoivent les activités sportives, en minimisant les influences extérieures de genre. L’enjeu était de comprendre si, malgré un cadre neutre, les stéréotypes continuent d’orienter leurs préférences et leurs représentations des capacités physiques. Pour concevoir l’identité graphique de mon projet, j’ai choisi la typographie Anthony pour sa simplicité et sa polyvalence. Cette typographie peut facilement être utilisée pour la signalétique au sol, notamment avec du scotch. Je l’ai intégrée dans la conception des règles du jeu et des cartes de jeu, en créant des pictogrammes à partir des éléments de cette même typographie.

 

Lieu :

Le test de l’atelier a été réalisé en partenariat avec l’association l’ARES, à Strasbourg. Cette association est le centre socio-culturel de l’Esplanade, elle propose des activités culturelles et de loisirs pour tous les âges, favorisant la solidarité et le lien social. Mon public pour ce test est des enfants de 6 à 10 ans. 

  

Analyse : 

Cet atelier m’a permis de voir si les enfants identifient des compétences physiques à un genre. La composition initiale du groupe, avec 8 garçons et seulement 4 filles, témoigne déjà d’une première disparité dans l’intérêt porté aux activités sportives. Dès la phase de répartition des ateliers, des schémas comportementaux significatifs sont apparus. “Ouais, la force, la force [signe du biceps]”, lancent deux garçons de 10 ans. Les garçons ont manifesté une approche directe et compétitive, s’emparant rapidement des cartes d’activités de l’atelier force et cherchant à se positionné sur les défis les plus dynamiques. Le groupe entièrement masculin s’est notamment disputé pour obtenir la carte de précision, révélant une compétitivité immédiate, finalement résolue par une distribution aléatoire. À l’inverse, les filles ont adopté des stratégies différentes, privilégiant l’organisation et la coordination au sein de leur groupe. “Alors toi tu as la précision, toi tu as la force et toi c’est la souplesse. [pointe du doigt les activités]”, commente une fille de 8 ans. Cette observation initiale suggère déjà des différenciations dans les approches genrées : les garçons orientés vers l’action et la performance, les filles vers la collaboration et la structuration. Lors de la restitution, les comportements spontanés ont confirmé et approfondi ces premières observations. Les garçons se sont principalement dirigés vers des ateliers de force et de précision, transformant rapidement l’exercice en une compétition pour obtenir le meilleur temps. Le record de 23 secondes, réalisé conjointement par un garçon et une fille, constitue un point intéressant de nuance et de dépassement des stéréotypes. Les filles, quant à elles, ont naturellement gravité vers l’atelier d’équilibre, confirmant une tendance à associer certaines compétences physiques à des genres spécifiques. Cette orientation spontanée révèle la reproduction naturelle des normes sexuées qui influencent les choix et les perceptions des capacités physiques. Un élément remarquable est l’absence totale de frustration ou de tension durant l’activité. Aucun enfant n’a manifesté de contrariété face à la répartition des ateliers ou aux performances des autres, suggérant un cadre bienveillant et inclusif qui permet l’expression des individualités. L’orientation parallèle des filles vers des activités comme la cuisine et le bricolage renforce l’analyse des mécanismes de reproduction des stéréotypes. Ces choix ne sont pas anodins mais témoignent de constructions sociales profondément ancrées qui orientent les enfants vers des espaces genrés dès le plus jeune âge. Cette expérience offre un aperçu saisissant de la manière dont les stéréotypes de genre se construisent et se reproduisent, non par des injonctions explicites, mais par des mécanismes subtils d’orientation et de perception. Elle souligne la nécessité de proposer des environnements éducatifs et sportifs qui déconstruisent activement ces représentations. L’atelier a mis en lumière la complexité des processus de genre chez les enfants. Il démontre que les stéréotypes ne sont pas des données immuables, mais des constructions sociales mouvantes, susceptibles d’être questionnées, transformées par des approches pédagogiques originales et bienveillantes.

Constat :

Cet atelier m’a permis de constater que les enfants, dès le plus jeune âge, reproduisent inconsciemment des schémas de genre profondément ancrés dans leurs choix et leurs comportements sportifs. Malgré un environnement ouvert et bienveillant, les stéréotypes continuent de guider leurs perceptions des compétences physiques. Les observations révèlent que les garçons gravitent naturellement vers des activités de force et de compétition. Les filles privilégient des approches collaboratives et d’organisation pour le groupe et se dirigent plus facilement sur l’atelier d’équilibre. Et les orientations genrées s’expriment de manière subtile mais significative. Cependant, l’expérience a aussi mis en lumière des moments de dépassement, comme le record conjoint réalisé par un garçon et une fille, démontrant que ces stéréotypes ne sont pas absolus et peuvent être remis en question. Cet atelier souligne l’importance cruciale de créer des espaces éducatifs et sportifs qui encouragent activement la déconstruction des normes de genre, en valorisant la diversité des compétences et des capacités individuelles.

Scénario d’usage :

DÉROULEMENT : L’atelier dure environ 1h, il se réalise en groupe de 12 enfants, soit 6 filles et 6 garçons, répartis en 3 équipes de 4 participants, garantissant une égalité parfaite entre les sexes. Je documente mon atelier avec des photos, mais aussi des verbatims.

ÉTAPE 1 : Cette étape est une amorce de l’atelier. Durant celle ci les usagers écoutent les consignes et règles de chaque atelier.

ÉTAPE 2 : Les usagers se répartissent les cartes des 4 ateliers, entre eux par équipe.

ÉTAPE 3 : Voici les 4 différents ateliers.

ÉTAPE 4 : Les usagers font leurs épreuves respectives.

ÉTAPE 5 : Les usagers prennent leurs cartes score qui correspondent à leurs ateliers, écrivent leurs prénoms et scores afin de venir coller leur cartes au tableau des scores.

ÉTAPE 6 : La dernière étape de l’atelier est une discussion par équipe entre les enfants et moi, afin de retranscrire leur ressenti par rapport aux ateliers et leurs choix au moment de la répartition.