S’enraciner – Note de synthèse

Mon projet de design est réalisé dans la continuité de mon mémoire qui s’intitule S’enraciner. Ce dernier interroge la sensibilisation des enfants à la nature. L’ensemble de mes recherches, rencontres et lectures ont permis d’arriver à la formulation de ma problématique qui est :  est-ce qu’en intervenant auprès d’enfants âgés de six à onze ans, le design social peut développer une approche sensorielle du milieu forestier afin de développer une prise de conscience écologique.

Partenaire

Un de mes entretiens sociologiques pour le mémoire m’a donné l’opportunité de collaborer avec Annick Girard, enseignante à l’école primaire Simone Veil à Schiltigheim. Pendant cet échange, elle m’a partagé son intérêt pour l’école du dehors et son envie de passer plus de temps dans la nature avec ses élèves et afin de captiver leur intérêt pour l’écologie. Les élèves de cette école ont accès librement à une microforêt, qu’ils ont eux-mêmes, en partie, plantée, mais dont seule la classe de CE2-CM1 d’Annick profite. Cette forêt en croissance, située à côté de l’établissement, suit la méthode Miyawaki visant à créer des microforêts urbaines et à recréer la végétation potentielle naturelle d’une région. C’est pourquoi il m’a paru pertinent de proposer un partenariat avec cette enseignante pour ma recherche-projet et d’intervenir à 4 reprises à l’école Simone Veil, auprès d’enfants âgés de 8 à 10 ans. 

Hypothèse

Afin de répondre à l’hypothèse selon laquelle l’approche sensorielle permet de favoriser une prise de conscience écologique, j’ai imaginé mettre en place une exposition avec les enfants. Cette exposition inclut l’expérience sur le terrain, la récolte en forêt ainsi que la fabrication collaborative de l’exposition avec les élèves. Pour évaluer l’hypothèse, j’ai mis en place des indicateurs lors de mes ateliers. Ces indicateurs englobent le premier atelier de bocaux à ordonner, ainsi que l’observation de l’implication des enfants et les retours à l’oral des élèves. 

Première rencontre

Durant la première phase de mon projet de recherche, j’ai mis en place un atelier pour observer quels rapports les enfants entretiennent avec la forêt de leur école. Pour cela, j’ai conçu un élément en tissu qui permet de classer des bocaux remplis d’éléments naturels, selon des adjectifs précis. C’est un support de discussion et de débat, me permettant d’observer leurs ressentis et leurs connaissances sur la forêt. J’ai pu constater qu’ils avaient très envie de toucher et de sentir le contenu des bocaux, bien qu’ils soient fermés par des couvercles en tissu. Quelques-uns d’entre eux ne connaissaient pas certains éléments comme le pollen, l’écorce ou la mousse. 

Conception de l’exposition

Après cet atelier, j’ai cherché et imaginé différents modes d’exposition pour anticiper la forme que pouvait prendre la récolte. J’ai donc expérimenté des mobiles sur pied, des mobiles suspendus et une boite avec différents types de couvercle. Puis j’en suis venu à définir 4 types de modèles différents pour les 4 sens qu’allaient convoquer les enfants lors de la récolte ; c’est-à-dire l’ouïe, l’odorat, la vue et le toucher. Puisque le carillon s’avère trop complexe, j’ai décidé de réaliser un arbre pour suspendre et faire cogner les éléments entre eux pour le sens de l’ouïe. Pour le toucher et l’odorat, je souhaitais qu’on se prive de la vue en mettant les récoltes dans des boîtes pour réussir à se concentrer sur ce que l’on touche et ce que l’on sent. En ce qui concerne la vue, je voulais que les enfants retranscrivent ce qu’ils voient par le dessin. L’outil de récolte allait donc être différent des 3 autres sens. 

Conception des outils de récoltes

Pour ces 3 sens (l’ouïe, l’odorat et le toucher), j’ai d’abord imaginé un chariot permettant aux enfants de réunir toutes les récoltes physiques de la forêt, ensuite j’ai pensé à un plateau leur permettant de trier chaque récolte par sens, puis je me suis arrêté sur l’idée de réutiliser les bocaux en verre. Le but est de remplir des bocaux vides en fonction de certains adjectifs, en employant le sens qui y est inscrit. Pour ce qui est de la vue, il fallait penser à un support pour dessiner, à un contenant pour les outils et à un protocole. J’ai donc réutilisé le même tissu que l’atelier 1 pour en faire des pochettes où étaient glissés les stylos, les loupes et les cartes avec les consignes. Quant aux supports, ils allaient être réutilisés pour l’exposition. 

Mes observations

Bien que la forêt soit en début de croissance, les élèves ont réussi à trouver une variété d’éléments au sol. L’ouïe et l’odorat sont les sens qui leur ont donné le plus de difficulté. Les enfants n’ont pas réussi à remplir l’ensemble des bocaux, car certains adjectifs leur semblaient compliqués ou introuvables. Néanmoins, ils ont apprécié chercher, enquêter et essayer de relever le défi. La classe a préféré la récolte de la vue à celle des bocaux, car les recherches se faisaient à deux et qu’ils avaient plus d’outils à leur disposition.

Exposition

La version définitive de mes éléments d’exposition correspond au livrable pour mon partenaire. La classe de 27 élèves était divisée en 4 groupes pour installer les 4 différents modèles d’exposition. Pour les mettre en place, les enfants étaient munis d’un protocole. Après l’installation, les groupes ont circulé dans l’exposition pour découvrir ce que leurs camarades avaient mis en place.  Après avoir discuté avec eux de ce qu’ils ont le plus aimé durant ce projet, je leur ai demandé si dorénavant ils allaient être plus attentifs à ce qui les entoure en forêt. Grâce à une réponse à main levée, on a pu savoir que 18 d’entre eux, sur 27 élèves, ont découvert de nouvelles choses dans la forêt grâce aux ateliers sensoriels. Les 9 autres vont régulièrement en forêt, ce qui explique qu’ils ont l’habitude de contempler ce qui les entoure et qu’ils découvrent donc moins de choses nouvelles. Malgré tout, ils ont tous pour ambition de prendre davantage soin de la nature. 

Projection sur la suite

Pour la suite de mon projet, j’aurais aimé concevoir des outils permettant d’accentuer les sens des enfants pour faciliter la récolte et la rendre plus immersive. Je souhaiterais également utiliser des matériaux plus écologiques.