“En Quête d’Appropriation” est le projet de design qui fait suite à la rédaction de mon mémoire de recherche intitulé “Chuuut”, axé sur la question de la permanence scolaire au collège. L’objectif principal est d’améliorer ces périodes en répondant aux besoins et attentes des élèves, transformant ces moments considérés comme une perte de temps en des moments plus productifs, voire émancipateurs. 

Pour mieux appréhender le concept de “permanence” dans ce contexte, il est important de considérer plusieurs points clés. Ce terme est spécifique au collège, où les élèves sont contraints de rester dans l’enceinte de l’établissement lorsque leur enseignant est absent, contrairement à l’école primaire où ils sont répartis dans d’autres classes, ou au lycée où ils ont plus de liberté dans la gestion de leur temps. Il est également important de mentionner les deux significations qui peuvent être attribuées à ce terme dans ce contexte. Tout d’abord, il désigne l’absence de cours pendant certaines heures d’une journée. Ensuite, il peut faire référence à une salle ouverte toute la journée où les élèves peuvent aller lorsqu’ils n’ont pas cours, quelle qu’en soit la raison.

La rédaction de mon mémoire a conduit à la formulation de la problématique suivante : comment le design peut rendre les élèves acteurs des heures de permanence et par quels moyens les mener à une autogestion de ces temps ?

Les résultats ont révélé que les élèves manifestent une tendance à prendre des initiatives dans les activités artistiques, suggérant que les activités liées au programme scolaire traditionnel ne suscitent pas le même enthousiasme et n’encouragent pas une appropriation significative de leur expérience. 

Ainsi, selon l’hypothèse que le design peut permettre de repenser les temps de permanence, j’ai orienté mon projet vers l’initiation des élèves aux techniques d’impression manuelle. Ces activités constitueraient une approche efficace pour encourager les élèves à s’investir pleinement dans la gestion de ces temps, en les sortant de leur routine habituelle. De plus, cela leur permettrait de s’adonner à une activité qu’ils apprécient tout en développant de nouvelles compétences, notamment dans le domaine de la peinture, abordée sous l’angle de l’apprentissage des techniques d’impression.

PARTENAIRES

Après avoir réalisé mon atelier outillé au collège Nelson Mandela et suite aux retours positifs des élèves, j’ai établi un partenariat avec Mme Haumesser, la CPE, pour intervenir pendant les heures de permanence au sein de leur établissement. Le collège dispose de deux salles de permanence : une petite salle aménagée comme une salle de classe et une salle polyvalente plus spacieuse, pouvant accueillir des élèves de la 6ème à la 3ème en fonction des heures de la journée. La plupart de mes ateliers se sont déroulés dans la petite salle. Intervenir dans ce contexte impliquait de gérer l’espace de manière à répondre aux besoins des élèves souhaitant travailler individuellement, tout en organisant l’atelier. De plus, une contrainte de temps était présente, avec une limite d’une heure pour chaque atelier.

L’ART DE LA TRANSFORMATION

L’atelier du jeudi 30 mars avait pour objectif d’évaluer la faisabilité et la pertinence de la réalisation d’affiches collaboratives en respectant une limite de temps d’une heure. Les participants se sont familiarisés avec la technique de gravure sur Tetra Pak, en utilisant des carrés de Tetra Pak doublés de carton gris, du papier calque et divers outils tels que des crayons de papier, des stylos à bille, de l’encre à linogravure, des rouleaux encreurs, des cuillères à soupe, du papier journal, des pochettes plastiques et des torchons.

L’atelier s’est déroulé dans une salle de classe réaménagée avec deux îlots de tables doubles. Après la distribution du papier calque et des carrés de Tetra Pak, les participants ont été invités à effectuer des recherches à l’aide de leurs téléphones et ordinateurs pour trouver des modèles ou dessiner directement sur le papier calque. Une fois les dessins finalisés, ils ont été transférés sur les carrés de Tetra Pak et gravés sur une table spéciale. Ensuite, les motifs ont été imprimés sur du papier en utilisant des cuillères pour appliquer la pression nécessaire.

À la suite de cet atelier, plusieurs constatations ont été faites. Pour améliorer la qualité des productions, il serait préférable d’encourager l’utilisation de compas plutôt que de stylos à bille lors de la réalisation des gravures, ce qui permettrait d’obtenir des résultats plus précis. De plus, il serait bénéfique de mettre à disposition des rouleaux encreurs de différentes tailles afin d’offrir aux participants une plus grande flexibilité lors de l’impression des motifs.

Malgré une durée d’une heure qui peut sembler courte, il a été constaté qu’il est tout de même possible de mener l’atelier, de ranger et de nettoyer dans ce laps de temps. Cependant, il est important de planifier et d’organiser les tâches de manière efficace. Enfin, je souhaite envisager la mise en place de dispositifs comme des modes d’emploi qui favoriseraient l’autonomie des participants dans la réalisation des gravures et dans le déroulement global de l’atelier. 

EMPREINTES CRÉATIVES

L’atelier qui s’est tenu le jeudi 14 avril dans la petite salle de permanence du collège avait pour objectif principal d’évaluer l’autonomie des collégiens en leur fournissant des instructions écrites et en observant leur capacité à les suivre sans aide extérieure. Les participants ont reçu du matériel comprenant une fiche avec les instructions de l’atelier, des carrés de Tetra Pak doublé de carton gris de un millimètre d’épaisseur, des feuilles de papier calque, des livrets de fiches de références, ainsi que divers outils de gravure et d’impression tels que des crayons de papier, des stylos à bille, de l’encre à lino, des rouleaux encreurs, des cuillères à soupe, du papier journal, des pochettes plastiques et des torchons.

Cet atelier a été organisé en deux étapes distinctes. La première étape consistait à observer comment les participants ont utilisé les instructions écrites et le matériel fourni pour réaliser des gravures sur les carrés de Tetra Pak en se basant sur les références thématiques. Certains élèves ont choisi d’utiliser des stylos à bille plutôt que des compas afin de préserver l’intégrité du Tetra Pak. Dans la deuxième étape, les participants ont encré leurs tampons gravés et les ont utilisés pour imprimer des motifs sur des feuilles.

À la suite de cet atelier, plusieurs constatations ont été faites. Il serait préférable de former des groupes de quatre élèves plutôt que six, afin de favoriser une participation plus active de chacun. En effet, dans les groupes de six, certains élèves ont tendance à prendre un rôle de leadership prédominant, ce qui limite la participation des autres. Il a également été suggéré d’adapter la taille des feuilles d’encrage en fonction du nombre d’élèves et du nombre de gravures réalisées, pour une meilleure gestion des ressources. De plus, il serait bénéfique de trouver un matériau de grille facilement nettoyable, qui permettrait aux tampons de Tetra Pak de s’insérer légèrement pour éviter les traces lors de l’estampage. Après avoir pris en compte la manière dont je vais organiser mes prochains ateliers, je réalise que si j’avais prévu d’intégrer le papier calque, il aurait été utile d’inclure des explications détaillées. Cependant, étant donné que je ne prévois pas de l’utiliser, je ne les ajouterai pas. Néanmoins, je vais revoir la fiche d’instructions écrite en y ajoutant des illustrations pour la rendre plus claire et facile à comprendre. Ces ajustements visuels devraient contribuer à une meilleure compréhension des consignes et à une exécution plus efficace lors des prochains ateliers.

LABORATOIRE D’EXPÉRIENCES – découverte de plusieurs techniques d’impressions manuelles 

Le 16 mai, un atelier a eu lieu dans la petite salle de permanence du collège, visant à expérimenter différentes techniques d’impression pour la création de cartes postales collaboratives. L’objectif était de concevoir une série de huit cartes postales sur le thème des motifs inspirés par la nature. Treize élèves ont participé à l’atelier et ont reçu des consignes détaillées, ainsi que des illustrations et des annotations pour chaque technique utilisée.

L’espace a été aménagé de manière à favoriser l’autonomie des élèves. Chaque groupe disposait d’une table spécifique pour l’encrage, leur permettant ainsi de mélanger les couleurs avant de retourner à leur propre table. L’objectif était de créer des conditions propices à une participation équitable et active de chaque groupe de quatre élèves.

L’atelier avait plusieurs objectifs : tester les techniques d’impression, évaluer l’espace disponible et l’aménagement des tables, prendre des photographies pour étudier les dispositifs d’accrochage des cartes postales et le rangement des outils, et fournir des instructions détaillées pour familiariser les élèves avec le vocabulaire de l’imprimerie et évaluer leur capacité à suivre l’atelier de manière autonome.

Plusieurs observations importantes ont été faites lors de l’atelier. Afin d’améliorer l’aspect visuel des productions, l’utilisation de normographes alphabet a été suggérée, mais n’a pas pu être testée en raison du manque de temps. Il serait intéressant d’explorer d’autres outils permettant aux élèves de créer des cartes avec des éléments visuels et textuels dans le temps imparti.

Il a également été constaté que certaines techniques étaient plus faciles à maîtriser que d’autres. Les élèves ont réussi à utiliser de manière autonome les outils des kits Tetra Pak et du monotype, mais ont rencontré des difficultés avec les tampons en mousse en raison d’instructions vagues. Cependant, certains groupes ont montré une dynamique positive, faisant preuve d’autonomie et d’initiative individuelle remarquables. Dans l’un de ces groupes, une discussion a même eu lieu pour créer un fil conducteur commun pour leurs cartes postales, témoignant ainsi d’une réelle collaboration. Lors de mes prochains ateliers, j’ai l’intention d’apporter des améliorations en fournissant des instructions illustrées pour chaque technique d’impression de sorte qu’elles soient plus facilement compréhensibles.

ÉCHOS CRÉATIFS – Atelier collaboratif de gravure sur Tetra Pak et monotype 

Un atelier s’est tenu dans la petite salle de permanence le jeudi 25 mai  et a été divisé en deux sessions : la première de 10h00 à 11h00 (M3) et la seconde de 11h00 à 12h00 (M4). La première session d’atelier comprenait trois groupes et comptait la participation totale de douze élèves. Quant à la deuxième session, elle était plus petite, avec un groupe de quatre élèves au départ et six à la fin. La disposition de la salle avait été légèrement modifiée par rapport à l’atelier précédent, avec des tables doubles transformées en tables simples et vice versa.

Lors de cet atelier, les élèves ont collaboré pour créer des cartes postales en utilisant la gravure sur Tetra Pak et le monotype. Le thème était axé sur des motifs inspirés de la nature, avec la possibilité pour les élèves de choisir un sous-thème pour relier leurs cartes entre elles.

Le processus de création des cartes postales s’est déroulé en plusieurs étapes. Les élèves ont commencé par utiliser des autocollants lettres pour former les mots ou les phrases qu’ils souhaitaient inclure sur leurs cartes. Ces autocollants lettres ont été directement collés sur la carte.

Ensuite, les élèves ont utilisé la technique d’impression pour créer un fond coloré évoquant la nature. Ils ont recouvert toute la surface de la carte avec de l’encre, en laissant les autocollants lettres agir comme des masques, préservant ainsi le blanc de la feuille. Une fois la peinture appliquée et séchée, les élèves ont retiré délicatement les autocollants, révélant ainsi le blanc de la feuille.

Les objectifs de l’atelier étaient de tester différentes techniques avec les groupes travaillant sur le monotype et le Tetra Pak, de fournir des instructions visuelles et annotées pour initier les élèves au vocabulaire de l’imprimerie, et d’utiliser un outil d’observation avec des calques pour noter les initiatives et les décisions des groupes.

L’atelier a permis de constater que les groupes constitués d’élèves qui se connaissaient ont mieux collaboré et pris des décisions ensemble. Leur familiarité et leur compréhension mutuelle ont favorisé une meilleure coordination dans le travail. Les groupes composés d’élèves moins familiers les uns avec les autres ont rencontré des difficultés initiales en termes de communication et de collaboration, mais avec un encouragement adéquat, ils ont quand même réussi à échanger des idées et à obtenir des résultats concrets.

L’utilisation des calques comme outils de suivi n’a pas été pertinente, car chaque groupe avait sa propre approche de gestion du temps et de l’atelier, ce qui a créé une certaine confusion. Il est donc nécessaire de repenser leur utilisation ou d’explorer d’autres méthodes de suivi plus adaptées. Enfin, il a été suggéré que l’utilisation d’une fiche de route plus flexible permettrait de noter les événements importants de manière plus adaptée, facilitant ainsi le suivi des progrès réalisés par chaque groupe.

ÉCHOS CRÉATIFS (bis)

Cet atelier s’est déroulé le jeudi 1er juin, de 10h à 11h, dans la petite salle de permanence du collège. Il a rassemblé cinq élèves répartis en deux groupes.

Les élèves ont reçu différents outils pour réaliser leurs cartes postales. Des instructions dessinées et annotées de manière concise leur ont été fournies pour les familiariser avec le vocabulaire de l’imprimerie. Des fiches de feed-back ont été modifiées afin de faciliter le suivi. Un alphabet en stickers, disponible en trois tailles différentes, leur a été mis à disposition pour améliorer la qualité de leurs créations.

Les groupes d’élèves ont choisi des thèmes différents : les garçons ont opté pour le sport, tandis que les filles ont choisi l’amour. Chaque groupe a également sélectionné une couleur spécifique. Le matériel nécessaire à la réalisation des cartes postales était disposé sur une table à l’avant de la salle, et les élèves devaient venir se servir.

L’objectif principal de cet atelier était de familiariser les élèves avec le vocabulaire de l’imprimerie grâce aux instructions dessinées, tout en fournissant des fiches de feed-back pour un suivi approprié. De plus, l’utilisation de stickers de différentes tailles visait à améliorer les créations artistiques. En accordant une plus grande liberté aux élèves dans le choix des thèmes et des couleurs, l’atelier les incitait également à tester les limites de leur créativité. Ainsi, cet atelier favorisait une plus grande autonomie dans le processus de création tout en encourageant les élèves à repousser les frontières de leur imagination.

Lors de cet atelier, les élèves ont préféré travailler individuellement tout en discutant avec les autres membres de leur groupe de ce qu’ils étaient en train de faire. Malgré cela, ils sont restés calmes et ont tout de même apprécié l’atelier. L’utilisation de stickers de différentes tailles a été particulièrement appréciée, car elle a permis aux élèves de s’amuser et de réaliser des cartes postales plus abouties. Toutefois, il est intéressant de noter que certains élèves n’avaient jamais envoyé de carte postale et n’en connaissaient même pas le principe, ce qui souligne l’importance de leur offrir l’opportunité de créer ce type de production.

 

PROJET DE DESIGN

Le projet de design développé fonctionne comme suit : les élèves entrent en permanence dans la salle et repèrent un dispositif qui indique la disponibilité des outils sur la table et le rangement à utiliser à l’arrière de la salle. Ce dispositif est un élément graphique avec le nom de la technique et un visuel en noir et blanc montrant le rendu final au recto, et les règles de l’atelier au verso.

Les élèves s’installent à la table de l’atelier et attendent l’autorisation du surveillant pour qu’un élève puisse prendre le matériel nécessaire. Le mode d’emploi de la technique indique clairement les outils requis, ce qui permet aux élèves d’être autonomes. Une fois qu’un élève a obtenu le matériel, il retourne à sa place et le groupe peut commencer l’activité.

Pour améliorer la qualité graphique de leurs créations, les élèves utilisent un nouvel outil : un alphabet en stickers de différentes tailles. Cet alphabet en stickers remplace les normographes qui n’ont pas pu être utilisés lors du précédent atelier. Le processus de création des cartes postales se déroule en plusieurs étapes. Les élèves utilisent d’abord des autocollants lettres pour former les mots ou les phrases à inclure sur leurs cartes. Ensuite, ils appliquent la technique d’impression pour créer un fond coloré évoquant la nature, en utilisant des encres pour recouvrir toute la surface de la carte. Les autocollants lettres agissent comme des masques, préservant le blanc de la feuille. Une fois la peinture appliquée et séchée, les élèves retirent délicatement les autocollants, révélant ainsi les lettres en blanc.

Avant de commencer l’atelier, les élèves installent un dispositif permettant de faire sécher et exposer leurs cartes. Ce dispositif utilise les pieds de la table et consiste en deux pièces imprimées en 3D fixées aux pieds de la table avec du velcro. Une corde est tendue entre ces pièces et des pinces à linge sont utilisées pour suspendre les cartes. Un mécanisme de blocage de la corde permet de régler l’écartement des pieds de table, ce qui permet d’adapter le dispositif à différentes tables.

Une fois l’atelier terminé, ils nettoient les outils et la table, puis rangent les outils. Pour le rangement, j’ai choisi une technique pratique appelée “French cleat”, qui permet aux modules de s’attacher facilement au support et de se détacher au besoin. Cela permet aux élèves de réorganiser les modules si nécessaire. Le rangement est fabriqué en MDF, avec des modules légers pour faciliter le transport. La plaque de rangement est plus lourde mais peut être déplacée par un adulte. L’objectif est de placer le rangement sur la table près de l’étagère située au fond de la salle pendant les ateliers, afin de ne pas gêner les déplacements des élèves.

CONCLUSION 

Après avoir évalué les résultats des ateliers et recueilli les retours des élèves, j’ai adopté une approche réflexive en tant que designer. J’ai analysé ce qui a bien fonctionné et ce qui peut être amélioré, que ce soit les instructions données aux élèves ou les outils utilisés. 

J’ai également observé les groupes et les initiatives individuelles des élèves, ce qui m’a permis d’encourager leur autonomie pendant les heures de permanence. Les résultats positifs et les retours encourageants des élèves démontrent que le design a eu un impact en favorisant leur engagement, leur collaboration et leur créativité.