Assis ! – mémoire Fiona Homann
La lecture du catalogue d’exposition “Travaux d’école” a été pour moi le déclic, c’est grâce à ce texte que j’ai pris conscience de l’importance que peut avoir l’espace de la classe sur les élèves.
Suite à cette lecture, j’ai fait d’autres recherches sur l’école pour approfondir le sujet, c’est ainsi que j’ai découvert que je portais un intérêt particulier pour l’enseignement et la pédagogie. À mon avis, chaque enfant devrait aller à l’école parce qu’il le veut et non parce qu’il le doit. Je me suis toujours demandé pourquoi certains enfants n’aiment pas l’école. Peut-être que si les élèves avaient la possibilité d’agir sur leur environnement de travail, s’ils pouvaient le “penser”, le modifier, le réaménager à leur guise, cette question ne se poserait plus ou se poserait moins.
Ma question de recherche est : “Comment pouvons-nous améliorer le développement et le travail des élèves en aménageant la salle de classe différemment ?” Dans un premier temps, cette question portait sur l’espace de la classe et son réaménagement. Cependant, cela m’a permis de me poser davantage de questions, ce qui m’a progressivement éloigné de l’objectif de base. Je me suis d’abord demandé comment rendre l’espace de la classe plus agréable ? Comment les usagers qui y travaillent peuvent-ils se sentir plus à l’aise ? Par « agréable » et « à l’aise », j’entends pouvoir travailler dans des conditions adaptées et adaptables à chacun, conditions qui influencent positivement la qualité du travail. Je me suis aussi demandé : « Qu’est-ce que la salle de classe fait au corps ? ou « est-il possible de travailler autrement, si oui comment ? Et naturellement cela m’a permis de mettre en évidence le lien étroit entre les méthodes pédagogiques et l’espace. L’espace induit des formes pédagogiques et inversement la pédagogie induit des formes d’espaces… J’ai donc rapidement réfléchi à la question du corps et des postures.
Pour développer mes recherches, j’ai lu de nombreux ouvrages sur l’éducation et la pédagogie, qui ont confirmé que je souhaitais travailler sur ce sujet. Cependant, je me suis rendu compte au fur et à mesure de mes lectures que je souhaitais travailler plus sur les postures de travail à l’école que sur l’espace de classe lui-même. J’ai donc imaginé une activité pour mon atelier outillé qui permet aux élèves de travailler différemment à l’aide de cartes de posture. L’objectif de mon atelier est de questionner la notion de confort mais aussi de proposer de prendre du recul par rapport aux pratiques actuelles. J’ai pu le tester avec une classe de troisième et une de cm1.
Ce qui m’amène peu à peu vers ma problématique de recherche-projet : “Une conception participative basée sur l’expérimentation permet-elle de réinterroger la manière de travailler à l’école ?” Je souhaite intervenir, en tant que designer, dans des écoles primaires afin d’expérimenter auprès d’élèves et d’enseignants différentes postures de travail et permettre une prise de conscience des apports d’une telle expérimentation sur la qualité de l’expérience scolaire des élèves. Revenons à la citation d’Eero Aarnio “Une chaise est une chaise, est une chaise, est une chaise… mais un siège ne doit pas nécessairement être une chaise. Cela peut être n’importe quoi tant que c’est ergonomiquement correct.” Cette affirmation remet en question la notion d’assise, et suggère qu’il peut être pertinent pour mon projet de réfléchir à des postures moins traditionnelles, moins conventionnelles. Je voudrais m’éloigner de la simple position assise et de ce qui se fait habituellement, mon objectif étant de faire en sorte que les usagers s’autorisent à essayer. Aussi, je vois le projet comme une série d’expérimentations qui permettent non seulement de tester de nouvelles postures pendant toute une journée ou même d’en tester plusieurs sur des meubles bien précis ou encore d’imaginer voire de fabriquer des meubles qui permettent de s’installer différemment afin de mieux travailler, mais aussi qui amène les utilisateurs à prendre conscience des possibilités offertes par ces nouveaux usages.