Depuis près de dix ans maintenant, et en partenariat avec le théâtre du Maillon de Strasbourg, le lycée Le Corbusier propose à une classe de la section « électricité » de participer à un projet soutenu financièrement par le « GIP-Acmisa » grâce à la Région et à la DAAC- la Délégation Académique à l’Action Culturelle. Si l’un des objectifs de cette action est de donner un aperçu de l’un des aspects méconnus du métier d’électricien -la technique dans le milieu du spectacle-, l’équipe éducative cherche également à facilité l’accès de ces adolescents à une forme de spectacle que beaucoup découvrent pour la première fois. « L’ouverture à la culture et à la connaissance est l’une des voies permettant de développer l’esprit critique et la liberté de penser, mais aussi pour apprendre à respecter les différences ». Depuis peu, une classe de seconde de la section générale du lycée est associée au projet dans le but de resserrer les liens crées en début d’année scolaire entre les lycéens des deux classes lors des sorties d’intégration à Salm.

Trois phases sont prévues dans ce projet. Dans un premier temps, les deux classes sont invitées à assister à un spectacle choisi en début d’année dans la programmation annuelle du Maillon. Puis une rencontre avec les artistes de passage à Strasbourg est organisée et nos élèves participent alors à un atelier animé par les comédiens. Enfin, plus tardivement, une visite du théâtre est proposée : découverte des coulisses et des ateliers techniques, manipulation du matériel servant dans le cadre d’un spectacle, et présentation des différents métiers s’exerçant dans le domaine artistique se font sous l’œil bienveillant des professionnels du Maillon.

Cette année, dès le retour des vacances de février, c’est à un spectacle de cirque qu’ont assisté les deux classes : « Super sunday », présenté par la compagnie finlandaise « Race Horse Compagny ». Créée en 2008, cette troupe s’est rapidement fait connaître en élaborant des représentations où sont proposés des numéros de cirque contemporain sans compromis. Dans un décor multicolore et somptueux de fête foraine « Super sunday » n’a pas échappé à cette règle : trampoline, catapulte, « roue de la mort », barre coréenne, bascule, manège, agrès, acrobaties diverses… se sont succédées pendant près d’une heure et demie en mêlant humour, surprises, spontanéité, prises de risques ou décontraction. Combien d’heures de répétition aura t-il fallu à ces artistes déjantés pour que ces gestes si difficiles à exécuter nous apparaissent, bien loin de la réalité, si simples et si faciles à réaliser ? Comment ces corps virevoltant et volant, disloqués et parfois si frêles pouvaient-ils devenir si harmonieux et si esthétiques en se mouvant dans un espace teinté de couleurs vives et changeantes ?…

La deuxième partie de ce projet a eu lieu dès le lendemain de ce superbe spectacle. Nos élèves sont revenus au théâtre pour rencontrer les artistes qu’ils avaient vu la veille. Quatre d’entre eux -Mikko, Kalle, Petri et Odilon-, sur les sept de la troupe, ont alors pris en charge les lycéens. Intimidés dans un premier temps, ces derniers se sont rapidement pris au jeu. Odilon, le seul circassien français de cette compagnie venue de Finlande s’est fait interprète pour que nos élèves puissent suivre les conseils des Maîtres. A tour de rôle, nos élèves ont pu s’essayer aux différents ateliers mis en place : manège, trampoline, bascule, acrobaties et trampoline. Leurs professeurs d’un jour leur ont enseigné en quelques instants quelques bases de leurs arts de façon simple et en toute sécurité. Humblement, les artistes démontraient des gestes de base, paraient lorsque cela était nécessaire, encourageaient, corrigeaient nos jeunes. Totalement abordables et très décontractés, ces stars mondiales du cirque se sont mises pendant près de deux heures au service d’élèves qui n’en demandaient certainement pas tant. La rencontre s’est terminée par une discussion entre les comédiens et les participants qui voulaient savoir comment on devenait acrobate, combien de temps durait une carrière ou une tournée, pendant combien de temps se préparait un spectacle avant la première représentation… Là encore, la simplicité des artistes était perceptive : aucune question n’a été éludée, même les plus surprenantes. Odilon traduisait tout : les questions et réponses relatives aux tenues vestimentaires, parfois surprenantes, que portaient les acteurs pendant le spectacle ont fait sourire tout le monde, mais aucun élève n’a voulu essayer un des habits de scène quand cela a été proposé. La rencontre s’est achevée vers midi, mais aurait encore pu durer longtemps s’il n’y avait pas eu de cours l’après-midi. Un peu déçu de ne pouvoir rester plus longtemps, mais des étoiles encore plein les yeux, nos élèves s’en sont retournés, lentement, vers le lycée pour revenir à la dure réalité de leur métier d’apprenants.

La dernière partie de ce projet a eu lieu début mars avec les élèves de la section « électricité ». Les participants se sont rendus dans les locaux du théâtre pour visiter les coulisses de ce lieu de spectacles strasbourgeois, pour y rencontrer son directeur, Monsieur Bernard Fleury et son équipe de direction, les techniciens mais aussi pour se familiariser avec le matériel technique utilisé lors des représentations. L’objectif était de montrer aux élèves ce qui se passe dans les coulisses avant et pendant un spectacle : comment se prépare la représentation, comment s’installe le matériel, quel type de matériel est utilisé puis comment se font les manipulations d’appareils pour obtenir les éclairages appropriés pendant le spectacle…

Accueillis par Madame Cogny, attachée aux relations publiques, qui coordonne ce projet avec nous depuis plusieurs années, ils ont été invités à donner leurs impressions sur le spectacle et la rencontre avec les artistes de la troupe « Race horse compagnie ». Puis ils ont participé à des ateliers. Avec Antonio, directeur technique du Maillon, ils ont pu se rendre compte que les conditions d’accueil d’un spectacle au théâtre du Maillon ne sont pas si simples : critères de faisabilité (dimensions de la scène, hauteur, ouvertures…), matériel nécessaire (disponible au théâtre ou apporté par la compagnie), conditions de travail des artistes et techniciens de la compagnie, logistique, coordination entre ces derniers et ceux du théâtre du Maillon, coûts divers… sont autant d’éléments qu’il faut prendre en compte. Avec Manuel, régisseur lumière du théâtre du Maillon, ils ont visité les coulisses et les locaux techniques. Ils se sont familiarisés avec le vocabulaire technique utilisé, avec le matériel (grill, câbles, lampes, spots…) qu’ils ont pu manipuler et utiliser. Ils ont également vu comment la salle était préparée avant un spectacle, comment et où s’accrochaient les appareils électriques… La visite s’est achevée par une démonstration dans la régie « son et lumière » et par un échange sur les conditions de travail des techniciens.

Laurence Lanot CPE, Pascal Rose rpofesseur de Physique, Marc Faszczenko et Karim Filali professeurs d’électricité, Didier Mailfert professeur d’EPS.