Sous l’impulsion de Mme Muller, proviseur adjointe de la section professionnelle, qui souhaitait organiser une journée d’intégration pour les collègues de l’établissement, les châteaux du Haut Andlau et du Spesbourg, tous deux situés sur la commune d’Andlau ont accueilli les personnels du lycée Le Corbusier. Lieu de formation des élèves du lycée et de stages pour le GRETA, le château d’Andlau a livré ses secrets aux participants.
Samedi 13 septembre, une vingtaine de collègues se sont en effet retrouvés sur le parking de la ferme auberge du Hungerplatz. Au programme de la journée: visite guidée du château du Spesbourg, balade dans la forêt pour se rendre au château d’Andlau, accueil par le propriétaire, repas, participation aux travaux d’entretien avec les bénévoles de l’association.
M. Pépin, professeur raconte :
(Lire également l’article des DNA, éditions d’Obernai, du 17/09/14 « Le Château, sommet des partenariats » >>> http://www.dna.fr/edition-de-obernai-barr-rosheim/2014/09/17/le-chateau-sommet-de-partenariats
« C’est donc M. Paul Lapeirouse qui nous accueillait au nom de l’Association pour la Restauration du Château du Spesbourg pour nous faire découvrir les ruines de ce château du XIII éme siécle appartenant aujourd’hui à la ville d’Andlau, construit en 1247 pour contrôler la vallée et l’abbaye voisines. L’ aspect général rappelle le château-fort du XIIIème siècel avec un donjon d’environ 24 m dont l’accès n’est possible que par une porte haut placée. Mais le côté de « l’attaque », au Nord, ne présente pas le profil habituel en pointe qu’on exposait dès 1200 à l’assaillant pour dévier les projectiles. Bien au contraire, le Spesbourg ne propose qu’un large mur plat, un mur « bouclier » dont l’épaisseur, curieusement, ne se distingue pas des murs Est et Sud. Le constructeur a occupé au mieux l’espace disponible sur le rocher et place le logis seigneurial côté Est, à l’abri des intempéries , mais militairement fragile. Ce logis présente encore aujourd’hui, au deuxième étage de très beaux remplages en grès rose. L’ensemble des communs, rejetés à l’Ouest et au Sud, fait apparaître dans sa partie supérieure les chapiteaux d’une cheminée. L’appareillage général, très soigné, témoigne de l’aisance des propriétaires de l’époque. Des fragments de fresques polychromes sont visibles, elles évoquent un raffinement peu connu au XIVème s. Ces éléments confèrent au Spesbourg les caractéristiques d’un manoir qui sacrifie les impératifs militaires du XIIIème siècle aux nécessités de l’agrément de la résidence d’une famille noble du XIVème siècle. Durant ces trente dernières années, il a fait l’objet d’une campagne de restauration le rendant accessible. Une œuvre d’art contemporain de Marc Linder est intégrée dans l’une des baies.
Après cette visite bien documentée par notre guide, nous nous dirigeons vers le château d’Andlau en empruntant un des nombreux chemin de randonnée que compte cette partie des Vosges moyennes. C’est le propriétaire du château, Guillaume d’Andlau qui nous accueille avant de nous présenter le site et l’association qu’il a crée en 2000 pour permettre la conservation et la mise en sécurité du site et permettre l’accès au randonneurs et autres amoureux de vieilles pierres.
A une petite heure, à pieds, au sud ouest de Barr et à deux kilomètres au Nord d’Andlau, sur l’extrémité orientale du Silberberg qui sépare les deux vallées de la Kirneck et de l’Andlau, se dressent les ruines du château du Haut-Andlau. Il compte parmi les châteaux-forts qui s’élèvent sur les contreforts des Vosges Alsaciennes. Sa construction sur une barre granitique, à 451m d’altitude, qui domine la plaine d’Alsace à l’Est lui assure une défense naturelle alors que sur les autres côtés une enceinte précédée d’un fossé taillé dans le roc, le protège de l’assaut. Il fût construit dans la deuxième moitié du XIIIème siècle par Eberhard d’Andlau pour affirmer son pouvoir et sa notoriété. Sa construction dura sept ans. Il est construit en granite gris dont l’extraction au pied de la construction donnera le fossé qui le protégera des assaillants. Seuls les remplages sont en grès rose des Vosges. L’étroitesse de la crête sur laquelle est construit le château lui a fait donner une forme assez singulière et que l’on rencontre peu souvent en tant qu’architecture de château fort. C’est un heptagone irrégulier, allongé du sud au nord et dont les deux extrémités rétrécies sont flanquées de deux donjons cylindriques, d’environ 8 mètres de diamètre et de 25 mètres de haut, faisant saillie vers l’extérieur, aplatis sur les faces internes. L’une d‘elle, la tour Nord, abrite une citerne filtrante constituant les réserves en eau des habitants du château. Cette citerne était alimentée par la récupération des eaux de pluie au bas du toit par des caniveaux taillés dans du grès rose des Vosges. Vu l’époque de construction on peut imaginer que les deux tours étaient surmontées de hourds. Le grand nombre de fragments de tuiles plates retrouvé lors des différentes campagnes de fouilles laisse penser que le château était couvert de tuiles plates. Les murs au rez-de-chaussée ont une épaisseur d’environ 2 mètres. Les dimensions intérieures sont d’environ 30 mètres de long sur 10 mètres de large. Le bâtiment d’habitation avait deux étages, composés chacun de deux grandes salles, les fenêtres sont tantôt carrées et isolées, tantôt trilobées, réunies deux à deux dans une grande arcade ogivale, surmontées d’un trèfle ou d’un quatre feuilles, taillés dans du grès rose. Les banquettes et les corbeaux qui supportaient les planchers sont encore visibles. Trois cheminées sont encore accrochées au mur sur les deux niveaux d’habitation. Au rez-de-chaussée, devant une de ces cheminées on peut encore voir le sol d’origine constitué de brique posées verticalement dont la partie visible est vernissée. Sur la façade orientale s’ouvre une baie ogivale que l’on prend naturellement pour l’entrée du château, il n’en est rien. C’est un leurre défensif sur lequel l’éventuel assaillant devait s’acharner, et s’il parvenait à la brisée il débouchait sur une cave sans issue. Il faut contourner la tour Sud pour trouver sur la façade Ouest la véritable entrée du Logis. Le château reste la propriété des Comtes d’Andlau qui en firent une habitation pour le garde forestier jusqu’à la Révolution, où, vendu comme Bien National en 1796, il connait le sort de bien des monuments du Moyen-âge, son acquéreur le démantèle pour vendre tuiles, chevrons, boiseries, pierres, poutres et menuiseries que l’on retrouve aujourd’hui dans les constructions des villages voisins. En 1818, il est racheté par Antoine-Henri d’Andlau qui sauve le château familial de la destruction. En 1859 des travaux de consolidation sont entrepris. Classé monument historique en 1926, il est consolidé une année plus tard grâce à l’action du Club Vosgien.
Aujourd’hui le château est un lieu de rencontre et de formation L’Association des Amis du Château d’Andlau organise des manifestations culturelles dans et aux abords. Ainsi des concerts musique classique, saxophones, chant se sont déroulés dans le logis. Des manifestations comme Land Art qui est organisé tous les ans, installe dans la forêt des œuvres éphémères. Des œuvres d’art moderne à l’image d’Hélioflore qui a été visible sur le site de 2009 à 2012 sont présentées régulièrement et accessibles à tous.
Le château est également un lieu de formation. Depuis 2005 un partenariat a été mis en place avec le Lycée Le Corbusier pour permettre au élèves et étudiants d’utiliser le site à des fins pédagogiques. Des stages d’insertion sont également organisés par le GRETA.
Après toutes ces explications, nous sommes conviés à un apéritif et à partager le repas. Après le repas nous sommes invités a prêter main forte aux bénévoles pour effectuer de la dévégétalisation sélective sur la rampe d’accès au logis. Pour terminer cette journée conviviale, le Président de l’Association des Amis du Château d’Andlau, Raoul Bock nous propose un petit exercice de radiesthésie dans le logis du château. Vers 17h00 nous prenons congés de nos hôtes après les avoir remerciés et en nous promettant de renouveler cette manifestation. »