Au milieu de la cohue urbaine, nous apercevons la passerelle. Au delà, d’immenses volumes occupent l’espace de toute leur prestance. Une fois engagés sur le pont de métal, le brouhaha de la ville s’éteint peu à peu pour laisser place à un lieu serein, à part. Ici, seuls quelques grondements étouffés de la circulation nous parviennent accompagnés des bruits de pas pressés des passants et de la vie animale qui règne sur le canal. L’identité industrielle qui demeure dans l’architecture du lieu contraste élégamment avec la visée culturelle de chacune des structures. Lorsque nous passons le sas de la bibliothèque, son intérieur est à la hauteur de sa façade. Impressionnant. Grandiose. L’espace d’entrée offre un panorama sur les étages supérieurs à nous en donner le vertige et malgré la population dense qui semble côtoyer ce milieu, le paysage sonore n’y est pas moins agréable et reposant. Baigné de rouge, de ciment, de verre, de blanc et de citations littéraires, la médiathèque apparaît comme un chef-d’œuvre du design contemporain. Chaque étage semble posséder son identité propre tel un ensemble de mondes empilés par strates sur de larges piliers. L’escalier de fer, telle la colonne vertébrale de la médiathèque, dessert chaque étage permettant à ses usagers de voyager aisément entre les différents univers. L’espace jeux vidéos respire la jeunesse et l’oisiveté tandis que le service Musique et Cinéma se voit beaucoup plus calme, un lieu où chaque sonorités se cachent au creux de chaque boîtier…
Les heures passent et les rencontres avec les différents partenaires du projet s’enchaînent. Quand treize heures s’affichent à nos montres, il est temps d’assister aux expériences sonores. Pour la première la designer Pauline nous a fait part de son expérience en nous incitant à la perception du paysage sonore présent tout autour de nous ainsi que les trajectoires du son lorsque celui-ci évolue dans un espace. Entendre le son ricocher entre plusieurs volumes est une expérience assez déstabilisante. Vraiment. Celles où nous testions le micro binaural l’est encore plus. Le son paraît s’émanciper des écouteurs audio comme s’il appartenait à notre avait lieu juste derrière nous. L’artiste sonore Martial a quant à lui créer un véritable laboratoire de sonorités dans lequel il expérimente l’objet sonore dans sa large définition. Nous nous sommes ainsi rendu compte que notre vécu, notre expérience, notre référentiel du sensible acquis au cours du temps déchiffrent les vibrations physiques du son en émotions diverses. Dès lors, une même musique peut paraître stressante ou apaisante selon le choix des instruments, du rythme de lecture…
Finalement, ces ateliers riches en découvertes nous ont donné les clefs afin d’appréhender au mieux notre problématique pour se lancer sans crainte sur la voie des perspectives sonores.