SO(M)NAMBULE // Découverte sonore de la presqu’île Malraux et de sa médiathèque

 

Au contraire de l’environnement sonore et bruyant de la ville de Strasbourg, la presqu’île Malraux se détache par son calme ambiant, comme une bulle étrangère à son quartier. Ses espaces de vie animés jouent avec le calme que tu peux aussi y retrouver. La médiathèque est comme le microcosme de son environnement, avec un rez-de-chaussée qui se substitue à un lieu de rencontre, de partage, et le troisième étage où règne un silence religieux.

La temporalité d’une journée te permet d’observer les différents niveaux de fréquentation du site. Les abords de la presqu’île sont très animés dans la matinée, à l’opposé de la presqu’île elle-même. Lorsque sonne midi, les rôles s’inversent. Les déambulations sonores s’activent à l’approche des édifices, et se font plus discrètes sur les axes alentours.

Afin de mieux appréhender les lieux sur lesquels nous allons travailler, nous avons expérimenté une marche en aveugle, nous permettant de ressentir l’espace de la presqu’ile Malraux et de sa médiathèque de manière sensitive.

Cette balade te permet de ressentir les formes différemment, plus intensément. La cécité a cette vertu de placer l’ouïe au premier plan des sens de perception, pour capturer l’espace avec un regard autre. Ce qui est plus éloigné paraît insignifiant au regard des bruits plus proches qui peuvent représenter un danger imminent pour toi, qui a la vision tout nouvellement occultée. Les vélos semblent te frôler, les passants foncent sur toi, les parois s’approchent dangereusement de ton visage. Tout semble agression quand le niveau sonore s’élève et pénètre ta bulle de sécurité. Tes propres sens te trompent sur les distances. La confiance en ton guide est primordiale afin d’évoluer plus sereinement dans l’espace.

Outre l’ouïe, l’odorat et le toucher se décuplent et servent à leur tour de compréhension de l’espace. Malgré que tes yeux soient fermés, il te reste quand même la vue. Une vue diaphane laissant transparaître la lumière et l’ombre plus pesantes d’un bâtiment.