C’est quand je ferme les yeux que je comprends que la presqu’île Malraux est un monde à elle seule, un monde à la fois calme et vivant. Au début, mon attention se focalise sur ce qui me paraît le plus proche. Les discussions et les tintements de tasses se mêlent au bruissement des arbres et à la vie animale. Le bourdonnement de la faune urbaine au loin me parvient en sourdine, résonnant doucement entre les anciens silos et autres bâtiments au passé industriel, comme l’illustre la médiathèque elle-même.Désormais, Malraux n’est pas seulement un lieu de culture et de loisirs, mais également de passage. Ces passages peuvent paraître anodins. Mais certains, comme un vélo traversant une passerelle en bois, remplissent l’espace sonore brusquement pour disparaître de la même manière. Les vibrations des lattes de bois sont amplifiées par les façades métalliques imposantes. Si je ne voit pas mon chemin, les changements de direction se ressentent et les éléments que l’on traverse s’expriment aussi. Je passe d’un sol de gravier instable, aux surfaces de marbre lisse et sans défaut. En passant de surfaces en surfaces, d’espaces en espaces, mon sens de l’équilibre et mon endurance furent malmenés. J’ai été surprise par les nombreux escaliers, pentes et dénivelés. C’est en traversant le cours d’eau que mon attention s’est portée sur les odeurs, d’abord vaseuses puis gourmandes lorsque je me suis rapprochée du centre commercial, lieu où même la musique de fond est là pour vous séduire. La climatisation et la température contrôlée de ce lieu aseptisé tranchent avec les courants d’air variés et l’intensité soudaine du soleil sur ma peau à l’extérieur. Partout sur la presqu’île se côtoient le passé, le présent et le devenir proche de celle ci, percevable par les travaux nombreux et sonores. Cette temporalité est perceptible à travers la diversité de natures de sons, de surfaces, de matériaux qui composent cet espace. Tout est là, à portée de sens, ne demandant qu’à être exploré.