Sol LEWITT (1928-2007)
Né aux États-Unis, à Hartford, Connecticut.
Il étudie les beaux-arts à l’université de Syracuse (état de New York), puis à la Cartoonists and Illustrators School à New York.
Il travaille ensuite comme graphiste dans le cabinet d’architecture d’I.M. Pei.
Une partie de son œuvre va privilégier le concept à la réalisation.
À partir de 1968 il créé les premiers wall drawing pour lesquels il développe des consignes et des diagrammes qui fournissent des instructions afin que d’autres puissent exécuter sur un mur ses travaux en 2 dimensions.
Pour le dire de manière plus technique : il encode le processus d’une œuvre d’art et ainsi divorce avec le concept de la manifestation de la forme. Comme un programmeur qui écrit une série d’étapes pour un programme que l’ordinateur doit suivre, LeWitt conditionne les étapes qu’un humain doit suivre. LeWitt a toujours joué avec les ambiguïtés du texte, oubliant volontairement des éléments afin que l’humain exécuteur soit amené à prendre des décisions personnelles. Ainsi chaque résultat est unique.
« FAIRE DES DESSINS MURAUX », 1971, écrit de Sol LeWitt
L’artiste conçoit et élabore le plan du dessin mural. Celui-ci est réalisé par des dessinateurs (l’artiste peut être son propre dessinateur) ; le plan (écrit, oral ou dessiné) est interprété par le dessinateur.
Des décisions sont prises par le dessinateur, à l’intérieur du plan, en tant que parties du plan. Chaque individu étant unique, les mêmes instructions seront comprises différemment et mises en oeuvre différemment.
L’artiste doit autoriser diverses interprétations de son plan. Le dessinateur perçoit le plan de l’artiste, puis le réorganise selon son expérience et sa compréhension propres.
Les contributions du dessinateur ne sont pas anticipées par l’artiste, même quand lui, l’artiste, est le dessinateur. Même si un seul dessinateur suivait deux fois le même plan, cela donnerait deux oeuvres d’art différentes.
Personne ne peut faire deux fois la même chose.
L’artiste et le dessinateur deviennent collaborateurs dans la fabrication de l’art.
Chaque personne trace une ligne différemment et chaque personne comprend les mots différemment.
Ni les lignes ni les mots ne sont des idées, ce sont les moyens par lesquels les idées sont transmises.
Le dessin mural est l’art de l’artiste aussi longtemps que le plan n’est pas transgressé. S’il l’est, alors le dessinateur devient l’artiste et le dessin sera son oeuvre d’art, mais cet art sera une parodie du concept original.
Le dessinateur peut commettre des erreurs en suivant le plan sans compromettre celui-ci. Tous les dessins muraux contiennent des erreurs, elles font partie de l’oeuvre.
Le plan existe en tant qu’idée mais il a besoin d’être traduit dans sa forme optimale. Les idées de dessins muraux seules contredisent l’idée de dessin mural.
Le plan explicite devra accompagner le dessin mural achevé. Ils sont d’une égale importance.
Première publication en anglais sous le titre « Doing Wall Drawings » in Art Now, vol. 3, no 2, New York, juin 1971, n. p.
Première publication en français in Mise en pièces, mise en place, mise au point, cat. exp., Chalon-sur-Saône, Maison de la culture / Dijon, Le Coin du miroir, 1981, p. 54. Textes traduits de l’anglais par Catherine Vasseur © LeWitt Collection, Chester, Connecticut
http://www.visible.org/site/cornish/slide_lectures/sol_le_witt/