DIALOGUE

Vendredi 18 septembre. 14 heures.
Lycée Marcel Rudloff. Nous apportons les nouveaux outils.

Nous installons les cartes sur les barrières devant l’établissement. La sonnerie a déjà retenti. Les lycéens sont peu nombreux à cette heure creuse. Un premier groupe se précipite vers nous. Ils nous suspectent immédiatement d’être missionnées pour « les keufs ». Nous tentons d’établir le dialogue. Les réponses sont brèves, concises, sans manquer d’humour toutefois.
Les quelques élèves qui flânent dans la rue sont désormais ceux qui s’improvisent un départ en week-end plus tôt que prévu.
Deux lycéens nous approchent, non sans chercher compagnie et divertissement.
Mais une fois de plus, la pluie tombe et vient perturber le déroulement de notre requête. Nous courons sous l’abris-bus.

Le ciel enfin dégagé, nous reprenons. À la pause, une foule d’adolescents débarque sur le parvis du lycée. Nous en profitons pour en aborder un maximum. Les mots « bar à chicha » se répètent dans la bouche d’une majorité de jeunes avec qui nous discutons. Les réactions confirment une culture du quartier diversifiée et propre à cette population cosmopolite.

« Ouais, qu’est-ce que vous voulez ? … On habite à Hautepierre. C’est un quartier bourgeois ici, on viendrait pas s’il y avait pas le lycée. On se pose partout nous, en ville surtout, pour les jolies filles. »
« En sortant des cours, on va jouer aux cartes dans le parc. Mais le problème c’est qu’il manque de bancs et des abris pour les jours où il pleut, comme aujourd’hui ! »
« Nous on va tout le temps au bar à chicha. Ou au kebab. »
« Moi je suis dans le quartier depuis 13 ans. Ça a beaucoup changé, maintenant c’est fermé avec les immeubles, on respire moins. Par contre il n’y a pas grand chose pour les jeunes l’été. »

Nous nous déplaçons pour nous installer sur les tables du parc des Poteries. D’autres groupes de lycéens viennent nous apporter des réponses supplémentaires.
La plupart n’habitant pas le quartier des Poteries, la carte des trajets des lycéens se retrouve relativement vide puisqu’ils sont contraints de prendre la ligne D du tramway jusqu’à l’arrêt Marcel Rudloff.
Curieux, des élèves de seconde viennent nous poser plusieurs questions sur les objectifs de notre projet. Comme ils montrent un certain interêt, nous leur proposons également de créer la maquette du parc, outil que nous avions mis de côté au profit des cartes. Ils se prennent au jeu et, avec un engouement collectif, ils imaginent l’aménagement qui leur serait idéal.

En fin d’après-midi, un petit groupe d’enfants de sept à neuf ans qui se baladait après l’école, sont attirés par les « jeux » que nous exposons sur la table. Au milieu des rires et des cris des enfants, la maquette du parc prend une nouvelle forme.
Ils nous apprennent que des activités de plein air sont organisées chaque été dans le parc pour les enfants du quartier. Escrime, trampoline, judo, badminton, châteaux gonflables… Nous comprenons l’enthousiasme grandissant au fur-et-à-mesure qu’ils énumèrent les activités. Ils ont hâte de revoir toute cette animation l’été prochain.

ISATIS — Juliette, Suzanne, Pétronille