« Ma bibliothèque est en fin de cycle »
Qu’est-ce qui pousse Nadine Kraemerschwartz a nous présenter ainsi sa bibliothèque dès le premier abord?
Car dès que la conversation s’engage, on découvre que la bibliothèque est portée par une équipe très dynamique.
Constituée d’une bibliothécaire professionnelle salariée par la BDBR (Bibliothèque Départementale du Bas-Rhin) et de onze bénévoles, l’équipe porte de multiples initiatives pour faire vivre un espace culturel dans ce lieu dévolu à la lecture.
C’est le lieu d’ailleurs qui freine cette énergie.
La bibliothèque se situe sous l’école maternelle de Gries, qui est elle-même sous l’école de musique. Cette « cave » n’est pas attrayante et peu visible dans le village. Elle souffre de l’humidité et d’un manque d’espace. Mais l’ambiance que les bénévoles y ont aménagé est sympathique et chaleureuse. Le mobilier est disparate et vieillissant mais un parcours de lectures est réfléchi. Il n’y a qu’une seule source de lumière naturelle, et le plafond est bas.
On observe quand on entre, un fort contraste entre l’escalier peu rassurant qu’il faut descendre et l’esprit convivial par lequel on est accueilli. Cela révèle l’influence d’une équipe installée dans un endroit non-noble. Les bibliothécaires s’impliquent même dans l’interaction avec les lecteurs en mettant en place par exemple des classifications parallèles et un système de coup de cœur. La bibliothèque devient un lieu de culture, d’échange et de rencontres dans un village qui s’éteint (peu à peu les commerces ferment). La mairie compte s’aménager une annexe et a peut-être l’idée d’y déplacer la bibliothèque.
Cet espoir est source de réflexion sur le devenir du lieu.
Restera-t-elle dynamique ?
Deviendra-t-elle une entité vecteur de médiation culturelle ?
Est-ce que cette délocalisation permettra une identité propre décomplexée de son lien avec les écoles ?
Comment saisir cette occasion pour sortir la bibliothèque de terre ? Comment rendre plus accessibles et plus fréquentées les activités proposées par les bibliothécaires ?
Peut-on aider à pérenniser ces élans qui s’essoufflent par manque d’échos des habitants ?
Peut-on envisager cette hypothétique période de transition comme une opportunité pour soutenir l’expertise de nos bibliothécaires ?