UN QUARTIER À NOS IMAGES
Un projet de design visant à accompagner les habitants de Hautepierre à l’expression de leurs envies et l’appropriation de leur quartier par le graphisme.
Si on regarde attentivement la plupart de ce que la presse locale partage aujourd’hui sur le quartier de Hautepierre, situé en périphérie de Strasbourg, on y parle majoritairement d’incendie de poubelles, de voitures, du nouvel an et autre… Le feu a une place particulière à Hautepierre. Cependant, tout ce qui s’y réfère apporte une image de vandalisme au quartier. Ainsi le feu fait aujourd’hui, dans l’esprit collectif, fait partie de l’identité du quartier, qu’on le veuille ou non.
De plus, en écoutant de nombreux habitants on comprend vite que les nombreuses rénovations et évolutions du quartier vont à l’encontre même des avis et envies des habitants. Ainsi est née une volonté lors de ce projet de donner la parole aux habitants et de mettre en valeur leurs points de vue sur leur quartier grâce au graphisme.
C’est ainsi que j’en suis venu au cours de ce projet à tenter de lier feu et graphisme afin de mettre en exergue les paroles des habitants. Afin de stimuler des avis et des débats entre eux dans un premier temps, mais aussi afin de donner de la visibilité à ces avis, notamment en les confrontant directement aux institutions ayant un quelconque pouvoir d’action sur le quartier.
Impressions de quartier : l’édition mensuelle de Hautepierre
Afin de porter la voix des habitants et de leurs avis sur le quartier j’ai eu pour envie et idée de réaliser le prototype d’une édition de quartier. Dans celle-ci y serait retranscrits des paroles d’habitants s’exprimant sur le quartier, de près ou de loin. L’idée est de laisser la parole libre et d’avoir des points de vue personnels et particuliers, des ressentis et des témoignages de ce que peuvent vivre les habitants au quotidien. L’édition de quartier serait produite à assez grande échelle afin de pouvoir être disponible gratuitement dans le quartier pour ses habitants. L’idée est ici de faire circuler les points de vue entre les habitants pour stimuler des débats, afin que les habitants aient eux aussi envie d’exprimer leurs avis. Les paroles retranscrites serait des morceaux de discussions isolées, contenant l’essentiel du message de la personne. Il y aurait ainsi 6 morceaux de paroles par édition, et un nouveau numéro d’édition tout les mois. À chaque fin d’année, l’édition de décembre serait ainsi une compilation de tous les numéros de l’année, avec pour sous-titre “Les voeux de Hautepierre”. L’idée est de l’offrir et l’envoyer à chaque institution ayant un pouvoir d’action sur le quartier et ses évolutions, comme CUS Habitat, la mairie de Strasbourg, les associations de quartier, etc. Cela permettrait à ses décisionnaires d’être confronté véritablement aux envies, ressentis et revendications des habitants, afin qu’à terme, ils puissent les prendre en compte et que l’édition porte véritablement la voix des Hautepierrois.
Le nom de l’édition de quartier serait “Impressions de quartier”, le terme impression fait ici référence non seulement à l’impression des éditions, mais aussi aux contenus de celles-ci, puisqu’on y recueille des impressions quotidiennes des habitants.
Afin de réaliser ce prototype, j’ai utilisé une technique utilisant le dépôt de carbone d’une bougie sur une plaque de zinc. La technique étant particulièrement longue, seul les phrases importantes seraient réalisées grâce au carbone présent dans le feu. Ainsi l’essentiel des propos des habitants y serait transcrit et mis en valeur grâce au feu, un élément qui a trop longtemps desservis les habitants. Visuellement, cela fonctionne comme des exergues venant renforcer les paroles en les rendant plus marquantes visuellement. Les différentes étapes de cette technique sont mis en détail sur l’illustration suivantes, réalisée grâce à la technique dont il est question.
La récolte des paroles de cette édition de quartier se ferait pour la plupart à pied, grâce à un feu portable et facilement déplaçable (comme en haut à gauche). En effet, utiliser le feu comme simple outil de médiation et comme vecteur d’échange fonctionne très bien. J’ai pu le constater en observant le travail effectué par Emma Bescos, ayant aussi travaillé en parallèle sur le rôle que peut jouer le feu dans un quartier comme Hautepierre. En effet elle a réalisé « un feu sur roue » afin de pouvoir le déplacer et discuter autour avec les gens du quartier. Non seulement le feu interpelle et intrigue, mais il permet de se mettre naturellement autour pour discuter. C’est un outil efficace autour duquel la communication se fait facilement et naturellement. De plus, pour des échanges de plus grande envergure, j’ai aussi fictionné une place dans Hautepierre, appelée littéralement la place du feu avec en son centre une plateforme surélevée (illustration en bas à gauche). Au milieu de cette plateforme existerait un renfoncement circulaire, afin de pouvoir y faire du feu de façon plus sécurisée. L’idée de cette place est de pouvoir dans un premier temps, facilement organiser des temps d’échanges entre les habitants, comme des réunions hebdomadaires ou en chaque début de mois pour chaque nouvelle parution d’un numéro des Impressions de quartier.
Un système graphique et identitaire de quartier
Que les habitants s’expriment sur leur quartier est une chose. Mais attendre que le quartier deviennent mieux avec de simples paroles transcrites est peut-être utopiques si l’on envisage des résultats directs et frappants. Ainsi une identité de quartier peut servir à non seulement renforcer la cohésion des habitants et des productions d’un quartier seulement grâce à une image. C’est en revenant sur d’anciens tests de céramiques (celui présent en haut à droite de la page 7 notamment) qu’une idée m’est venue. Et si l’on créait du signe qu’à partir de trois carré, l’un noir, l’autre blanc, et le troisième comprenant un quart de cercle dont l’intérieur serait noir et le fond blanc. Ainsi à partir de ces trois carreaux, une multitude de signes sont possible à élaborer. En répartissant ces signes sur un carré composé de 9 de ces carrés, les possibilités sont immenses. De plus, il m’a été possible avec ce système de réaliser une typographie, assez simple certe, mais très particulière dans ses formes et donc marquante et typique. Une typographie aussi forte permet de marquer les esprits et serait donc pertinente pour instaurer un système d’identité de quartier.
Afin d’imaginer une application de ce système dans le quartier, nous pourrions imaginer la réalisation avec les habitants de plaques de céramiques, cuites avec la technique japonaise du Raku. Cette cuisson accessible à tous et en plein air, serait faite sur la place du feu, lors d’une fête du feu qui viendrait célébrer le quartier et son histoire, son identité. Il suffirait ensuite de coller sur les murs et les sols du quartier pour composer des indications et des signes/codes propres aux quartier. De cette façon, de nouveaux panneaux pourront être réalisés, en bois pyrogravés avec les symboles et la typographie présentée ci-contre ou grâce au carreaux de céramique.
Pour voir l’intégralité du projet, le lien du blog ici : https://unquartieranosimages.tumblr.com/
Pour télécharger le document pdf synthétisant le projet, il est disponible au bout de ce lien suivant : https://drive.google.com/drive/folders/1v6R9KpsA_STnEYpY4hGRz2PirmP8pQRY?usp=sharing
Pour télécharger ou consulter les mémoires réalisés lors de ce projet : https://drive.google.com/drive/folders/1sOXNChk2vAJznv3lXOBSOMo7huo4Aib5?usp=sharing