-Raconte-moi mon Strasbourg-
Présentation de synthèse ici !
Nous sommes en 1576. Tandis que le soleil décline, la foule se presse le long du canal qui relie l’Ill au Rhin et sur le pont aux chats qui l’enjambe. Les tambours emplissent l’air d’une musique festive. Mais tous les regards sont tournés vers l’horizon. Soudain une barque arrive avec son précieux chargement. De l’or ? Des diamants ? Du vin à profusion ? Non: une marmite bouillante ! Certains l’auront deviné, je vais vous parler ici de la fontaine des Zurichois située dans le quartier de la Krutenau. Cette fontaine commémore un événement symbolique fort : la preuve concrète de l’alliance entre Strasbourg et Zurich, deux puissantes villes dans l’Europe du XVIe siècle. mais laissez-moi vous conter son histoire…Retour en 1576. Strasbourg est en effervescence depuis plusieurs semaines. Cette effervescence connaît son apogée lorsque des Zurichois se mettent au défi de prouver la solidité de l’alliance conclue entre les deux villes un siècle plus tôt, en 1474. Comment ? Oh de façon très simple : ils vont tout simplement démontrer qu’ils sont capables de venir en aide aux Strasbourgeois depuis Zurich en moins d’une journée, c’est-à-dire en moins de temps qu’il n’en faut à une marmite bouillante pour refroidir complètement. Chose dite chose faite ! Lancés depuis Zurich au beau milieu de la nuit, une cinquantaine de téméraires voguent d’abord sur la Limmat, la rivière qui traverse la ville, puis sur l’Aar pour ensuite rejoindre le Rhin. La nef traverse alors Bâle et continue son trajet vers le Nord en remontant l’Alsace. Les rameurs commencent à être épuisés, la sueur perle sous les aisselles de leurs bras puissants. Il faut faire vite, le soleil est en bout de course. Au crépuscule naissant, ils quittent enfin le Rhin pour s’engager dans le Rheingiessen, un petit bras qui conduit directement à l’Ill au niveau du quai des Bateliers.Vers 20h, la ligne d’arrivée est enfin franchie et le pari tenu ! Il se dit même que, sous les clameurs de la foule, ces braves Zurichois firent distribuer le contenu de la marmite encore chaude dans des écuelles.
Et bien vous connaissez maintenant l’histoire de la fontaine des Zurichois. Mais cette histoire peu de gens la connaisse, elle n’est pas lisible sur la fontaine, seule la plaque la représente. Je souhaite faire de mon projet de diplôme cette passerelle entre les récits que forme le patrimoine immatériel de Strasbourg et la transmission des patrimoines de la ville. La question que je me pose alors est : Comment le design d’espace pourrait contribuer à transmettre les histoires des lieux de Strasbourg?
Lorsque l’on demande à un visiteur de résumer sa visite de Strasbourg, on entend souvent la même chose: la cathédrale, la Petite France, le marché de Noël et les cigognes en peluche. Mais Strasbourg c’est bien plus que cela… Strasbourg c’est une ville chargée d’histoires, avec un fort patrimoine culturel et linguistique.Comme d’autres villes du bassin Rhénan, Strasbourg a grandi au rythme de l’histoire franco-allemande. Ce qui fait sa complexité et son patrimoine singulier. De l’histoire… des histoires! La grande histoire, celle que l’on apprend à l’école, mais aussi les petites histoires, celle que l’on chuchote à l’oreille des enfants.
C’est ainsi que j’ai choisi de vous présenter mon projet de diplôme “Raconte-moi Mon Strasbourg”.
Ce projet c’est de donner aux passants ( touristes ou strasbourgeois ) une manière différente d’en apprendre sur cette ville. De leur transmettre les récits peu connus de Strasbourg par le biais de l’espace. Mes lieux d’implantations : le monument aux morts de la place de la république; la fontaine des Zurichois dans la Krutenau; la rue du renard prêchant également dans la Krutenau et la serre Barry du jardin botanique. C’est donc sous forme d’une scénographie urbaine que j’ai imaginé matérialiser le récit de chacun de ces lieux et ainsi transmettre leur histoire. Je combine mon travail d’espace avec la réalité augmentée et des moyens technologiques actuels.
Prenons l’exemple de la statue place de la république. Ici un écran géant posé, comme en équilibre devant la statue. L’écran est transparent, laissant apparaître la statue actuel. Au sol une signalétique avec un QR code. Les passants peuvent donc s’arrêter ou non et activer l’expérience s’ils le souhaitent avec leur téléphone portable.
En tant que designer je me définis professionnellement comme contribuant à la médiation d’un patrimoine, par le biais d’installations spatiales .Mon projet c’est mettre en avant un site par rapport à un ensemble et de (ra)conter son histoire.Donner à voir différentes histoires d’un lieu, c’est donner à voir différents temps. Dans cette démarche, le designer peut proposer différentes formes qui permettent la vision de cette temporalité. La transparence peut aussi être un outil pour visualiser une évolution ou un changement d’univers à un même endroit. L’idée de travailler avec des structures écran, avec un point de vue sur chaque lieu. L’écran comme fenêtre entre le passé et le présent. Avec ces structures spatiales, le travail de la réalité augmentée forme une combinaison intéressante dans l’immersion de l’usager. Avoir deux fenêtres une réelle et une virtuelle, voir au delà du réel.Comme mon projet porte sur plusieurs lieux, j’ai décidé d’en faire une série, comme un parcours à travers la ville.
La série que je propose dans mon projet est une série qui permet de dérouler un certain nombre d’éléments. Pour créer une sorte de chemin qui relie les lieux entre eux, il s‘agit de créer un protocole qui permette de voir des éléments uniques avec un lien entre eux créant cette effet de série. Dans mon projet ce sont les écrans qui font office de fil conducteur. Donner une identité à une série, c’est insérer un parcours dans le paysage. Provoquant une immersion et une envie de continuer la visite de la série. Ce sont autant de paramètres qui permettront au visiteur de mieux comprendre l’expérience.