Vers un collège qui s’ouvre au quartier
20 décembre 2019
Et si la cour de l’école devenait un espace multi-usages, sans frontières avec le reste du quartier ? Et si les places publiques servaient également au collège pour des cours spécifiques ? Et si la distinction entre collège et quartier se dissolvait peu à peu ? Le lieu de l’Agora, dans la grèce antique, était le lieu de la place publique, le centre administratif, religieux et commercial de la cité, mais aussi le lieu de la parole citoyenne. Durant toute cette période de résidence au sein du LAC, je me suis rendu compte que le lieu de la cour de l’école était un miroir du lieu du quartier, à plus petite échelle. Les problèmes rencontrés dans les espaces publics du quartier se ressentent encore plus dans la cour de Solignac, étant donné la concentration des adolescents habitant le quartier dans un espace restreint.
C’est justement cette question de la restriction de l’espace qui est intéressante. Pourquoi fermer la cour de l’école au quartier si elle en est le reflet? Au travers de différentes expérimentations autour du design, j’ai pu me questionner sur ces notions.
Tout d’abord, en allant à la rencontre des habitants avec nos outils de médiation de Labo comme le LTT, mais aussi en rencontrant les collégiens avec mon jeu “aménage ta cour !”, qui m’a permis d’introduire à mes expérimentations une autre dimension: celle du fantasme.
Fantasmer les espaces, prendre une toile vierge de toute législation, de toute contrainte de terrain, de tout code représentatif de la cour pour se réapproprier complètement cet espace. Ainsi j’ai pu développer un carnet de collages de places utopiques, que j’appelle “Utoplaces”. Je pars d’un usage qu’à la place publique (le rassemblement, l’information, la détente) et j’y appose une figure iconographique forte, en rapport avec cet usage. La clairière est la place où on se détend, le phare est la place où l’on se donne rendez-vous, la maison est la place où l’on organise des repas communs.
En augmentant ce principe de fantasme par le collage avec des maquettes, j’ai pu développer, en allant plus loin, une cartographie fictive de ce que pourrait être le quartier s’il gravitait autour du collège Agora. Point central de la vie de quartier, le collège est le lieu où les citoyens échangent entre eux et répartissent chaque activités, chaque espaces publics ensemble. Il s’agit là de retrouver une communauté, un sentiment d’appartenance et d’habiter à proprement parler, un quartier imaginé, rêvé, construit, par et pour ses habitants.