Afin de proposer une expérience utilisateur à travers le livre, en l’occurrence issu de Jules Verne, il s’agissait dans un premier temps de choisir le livre en question. Le choix s’est porté sur l’opus Autour de la lune, roman décrivant l’histoire des trois hommes dont le but est d’aller sur la lune. Entre aventures, technicité et précision d’astronaute ainsi qu’humour, ce récit propose plusieurs thèmes à aborder pour ce projet.
Par une première analyse du contenu du livre, nous avons distingués trois milieux clés permettant d’établir différentes ambiances, à savoir:
– le milieu terrestre, correspondant à de nombreuses intéractions avec humour entre les personnages;
– le milieu de l’espace et de la lune, où le contenu devient rigoureux et complexe, nous plongeant dans un contexte totalement scientifique;
– le milieu marin, qui renvoie à la chute de l’histoire avec diverses péripéties.

Notre but est de retranscrire une ambiance par une expérience utilisateur en mettant en lien le support papier et le numérique, et que ces deux notions soient indissociables pour l’apercevoir.

PRÉMISSES DU PROJET
Nous avons d’abord réfléchi aux notions que nous voulions convoquées tel que l’ambiance ou encore l’aléatoire, et par quels moyens nous pourrions les traduire, notamment en jouant sur les sens principalement par le toucher et l’ouïe. Les différentes idées d’expérimentations ont été mises sur papier et annotées de croquis. Nous avons ensuite réalisé divers tests afin de comprendre les divers fonctionnements des systèmes et voir ce qui était possible concrètement à l’aide du logiciel Processing associé au système du Makey-Makey et de différents matériaux conducteurs. Pour ce faire, nous avons élaboré des banques de données vidéos, audio et visuelles.

EXPÉRIMENTATIONS
Nous avons ensuite réfléchit à différentes réponses à ce projet, tout en réalisant diverses expérimentations.

Proposition n°1: Créer une atmosphère
Le but est de retranscrire visuellement l’ambiance véhiculée par le texte selon les pages abordées par des visuels constitués de vidéos, de sons et d’animations, se déclenchant par la manipulation d’un objet conducteur. Ces manipulations auront plusieurs caractéristiques: certaines seront « automatiques » par la manipulation des pages, d’autres « nécessaires » pour pouvoir comprendre le texte, et enfin, certaines seront « libres », faisant appel à la curiosité du lecteur pour qu’elles se déclenchent.

• Manipulations « automatiques » > le changement de page:
  Lorsque la page est tournée, la vidéo de fond est en lecture, de manière répétée jusqu’à ce qu’on ferme le livre ou change de page. La vidéo sera en lien avec le contexte de la page. (ex.: si le passage se passe sous l’océan, la vidéo sera issu de ce milieu en question).
• Manipulations « Nécessaires » > Morceaux de textes manquants:
  Il s’agit ici de détourner les codes classiques de mises en page de roman, en ôtant une partie du texte, de sorte qu’il soit impossible de connaître ce qu’il y était placé. Cependant, pour découvrir la partie cachée, une forme, toujours en rapport avec ce qui est écrit au niveau de la page, va attirer et inciter le lecteur à s’y intéresser. Conçue à l’aide d’un matériau conducteur, lorsque le lecteur va toucher la forme, celle-ci va apparaître avec le texte manquant comme texture.
• Manipulations « libres » > Éléments-boutons disposés dans la page :
  Ce dernier type de manipulations appelle à stimuler l’imagination du lecteur. Des éléments plus ou moins figuratifs, sont disposés dans la page et sont là pour faire appel à la curiosité du lecteur, qui, de par ses expériences précédentes (le déclenchement automatique et nécessaires) va être intrigué par la suite des événements. Au toucher de ces éléments en matières conductrices, des sons ou des figures génératives apparaîtrons par superposition.

Proposition n°2: le dévoilement et le suspense
Le but ici est de jouer sur la notion de montrer/cacher. En effet, on indique au lecteur par des éléments, que quelque chose se cache par la notion de vide et que c’est lui-même qui doit le faire apparaître. Ainsi, le texte des pages n’est pas totalement visible dans son intégralité. Il faut activer des boutons pour que le texte commence à apparaître. Certains termes, seront visibles et, en les touchant, vont activer quelques animations.
La visualisation du texte et des animations se font par rétroprojection, sur le livre.

PROJET FINAL : LA NOTION D’ALÉATOIRE

Le but de notre projet est de créer une expérience éphémère et unique propre à l’utilisateur, où le livre sera un outil de manipulation et le lecteur, acteur principal. Cette expérience obtiendra son caractère unique et éphémère de par l’utilisation de la notion d’aléatoire, ainsi que la sensibilité du lecteur.

Pour ce faire, nous avons repris des éléments des expériences faites au préalable, tel que le montrer/cacher par l’utilisation de « boutons » et différents types de manipulations libres de choix pour l’acteur.
Au début de chaque chapitre, une première page présentera des formes conductrices auxquelles est associée un terme, issu du chapitre en question. Par le biais d’un outil conducteur, comme un crayon graphite gras, le lecteur peut faire rejoindre deux notions, créant ainsi un circuit donnant lieu à l’élaboration d’une illustration sur la page vierge d’à côté.  Ainsi c’est au lecteur de créer autant de liens que d’illustrations, selon sa volonté.
Ces illustrations, choisies aléatoirement, seront issues d’une banque de données, propre au chapitre en question. De cette manière, le lecteur obtient des indices sur le chapitre à l’annonce de ce dernier, ce qui permet de lui offrir des questionnements.
La notion d’aléatoire est également appuyée par différentes moyens. Tout d’abord, lorsque l’on crée un lien, un nombre aléatoire d’illustrations (de une à trois) apparaîtrons associé à un son, lui aussi choisi aléatoirement d’après une banque de données.

La première étape fut de réfléchir à la mise en page souhaitée pour cette double page.

Nous décidons de conserver la disposition des titres ainsi que de la typographie, dans le but de ne pas dénaturaliser le livre. De plus, pour appuyer ce fait, nous décidons de rester dans la gamme chromatique du noir et blanc. Les différents éléments conducteurs seront des formes géométriques simples afin de ne pas donner d’indices particuliers, si ce n’est les termes qui les accompagnent, intriguant le lecteur. Ces formes posséderont un caractère aléatoire de part leur disposition au sein de la page, et leur taille.
Les illustrations issues de la banque de données seront constituées de 3 types visuels rappelant les milieux  et les notions qu’ils dégagent.