Ce jeudi matin, à la bibliothèque de l’établissement scolaire, je trouve quelques élèves en train de lire et de travailler sur l’ordinateur. J’aborde Ahmed et il me rend compte ses expériences personnelles dans l’espace public. Par le biais de carte « espace public », et de formulation « quelle situation dans l’espace public as tu apprécié/subi ? » En discutant, on dépasse la consigne du « lieu » et on explore l’expérience d’être dans une communauté, « avec ses frères et sœurs », « parmi ses amis »,etc. Il exprime concrètement l’expérience de leurs droits et devoirs.
On procède ensuite à l’exercice de la carte identité personnelle. À partir des situations exprimées, le jeune est invité à créer LA carte d’identité qui justifiera ses droits et/ou ses devoirs. Exercice est pas facile à comprendre, lorsqu’il est mal énoncé. Pour le justifier, il faut des exemples percutants. Mais en discutant, nous évoquons une carte d’identité « communale », qui justifie qu’on appartient à tel quartier et qu’on partage avec ses habitants. Face au léger frein d’Ahmed, j’élabore une nouvelle consigne : donner un titre à cette carte. carte personnelle de « conviction », ou « communale », ou encore « de soutien amicale », …
Je retente l’activité avec Cyril, 15 ans. On évoque d’abord des situations de l’espace public qu’il a apprécié et qu’il a subi. Je lui demande plus de détails, « Tu vas à la place Kléber avec qui ? ». Pour comprendre les nuances de ses propos, je reformule certaines phrases :
« — Je trouve cette place très passante »
devient « — Tu n’apprécies pas le nombre ou plutôt tout ce qu’ils font ?
— C’est vrai qu’il y a beaucoup d’évènement … les gens font la fête et laissent des cannettes … ils boivent beaucoup ».
Je l’accompagne en faisant ma propre carte de droit « espace minimum vitale ». Il propose ensuite la sienne, et énonce timidement la situation dans laquelle il l’utilise.
« — ça, c’est pour montrer que J’ai 15 ans et ça, c’est … C’est pour les touristes. »
« — La ville doit être propre pour les touristes ? »
« — Oui, je fais attention à eux ».
« — Tu montrerais ta carte à qui ? »
« — Bah, à ceux qui laissent leurs cannettes, qui salissent la statue ».
Cet après midi, les centres socio-culturels de l’Illkirch et d’Elsau m’attendent pour poursuivre la récolte. C’est dans ces lieux où se côtoient jeunes et éducation populaire que je vais pouvoir explorer les questions suivantes : Comment renouveler le rôle d’acteur des jeunes citoyens au quotidien ? Quelles outils pour les éveiller à des pratiques collectives ?