« Je ne voulais pas aller en général, ça aurait été foutu pour moi, j’y serais jamais arrivé… »
— lycéen en Bac Pro Electronique
Avant un spectacle, je distribue des petites fiches aux spectateurs. Elle peuvent leur demander d’écrire une réplique qui les a émus ou bien de mesurer la douleur dans leurs mains après avoir applaudi.
20h : À l’espace Gruber, l’ambiance n’est pas festive, plutôt concentrée et sérieuse. Je ne suis pas accueilli avec beaucoup d’intérêt, les gens paraissent embarrassés, plusieurs refusent de jouer mon petit jeu. Certains me disent qu’ils n’ont pas de stylos, heureusement j’ai tout prévu, mais alors ils trouvent une autre excuse et alors je les laisse tranquille. Je ne veux surtout pas déranger. Certains spectateur ne veulent surtout pas avoir à écrire quelque chose pendant une pièce, même si ma carte leur demande une toute petite croix sur une feuille. Je comprends parfaitement. On vient souvent au théâtre pour absorber un spectacle et le vivre entièrement, sans vouloir s’embêter de penser à une consigne donnée. Néanmoins certains s’intéressent à ma démarche et m’en demandent plus sur mes motivations, des jeunes souvent.
21h : Je pars pour le Maillon ou je trouve pas mal de personnes qui fument devant le théâtre. Ici personne ne refuse de participer et les gens sont plutôt amusés et détendus. Je distribue mes dernières cartes en essayant de varier un maximum le public. Seul critère commun apparent, ils vont au théâtre, et il fument. Le public à l’air plus jeune ici, et plus nombreux, mais je le dis encore, je n’ai vu qu’un petit échantillon de spectateurs.
22h : Au TNS, quelques secondes après les applaudissements je récupère mes premiers papiers, les gens me reconnaissent et sont plus détendus je trouve. La personne chargée de l’accueil m’écrit meme une phrase qu’elle s’était efforcée de retenir par coeur lorsqu’elle avait vu le spectacle. Sauf que ! Sauf que seul une partie des gens sont sortis coté bar mais que le reste s’en est allé coté rue… J’ai donc manqué certaines personnes. Zut. J’ai quand meme récupéré 6 papiers, c’est à peine la moitié. Tant pis, allons tenter notre chance au maillon !
Une toute petite dame fouille dans son sac pour retrouver le stylo que je lui avait prêté. Un sac spécial, spécial théâtre ! Il contient deux coussins qu’elle met en dessous de ses toutes aussi petites fesses pour pouvoir regarder le spectacle par dessus l’épaule du spectateur de devant.
23h : Coté Maillon, je m’attends à récolter plus de fiches mais surprise, seulement deux personnes viennent me rendre la leur. Ai-je encore raté une deuxième sortie cachée ? J’arrive à tester un deuxième outil avec un spectateur auquel je demande de me raconter la pièce et de me décrire les personnages à partir de formes géométrie que j’avais découpé auparavant.
Le rond doré, c’est le personnage de la mère, une aristocrate déchue qui doit revendre son domaine, « La cerisaie ». Les deux rectangles sont ses enfants, qui sont pleins d’espoir. Et vient celui qui veut racheter le domaine. Il n’est pas méchant, c’est la forme rouge/brun.
Bilan :
Je sens que ces outils peuvent donner quelque chose d’intéressant mais je n’ai pas su les exploiter au mieux. Peut-être faut-il trouver une meilleure stratégie d’approche. Avec la matière obtenue je vais essayer d’améliorer ces outils.
Bien arrivés à Tours après 9h de route en compagnie de Louis et Mickael, nos deux covoitureurs au top ! Les belles rencontres commencent bien avant notre rendez-vous au Point Haut! Nous sommes plus que chaleureusement accueillis par Flavie et Antoine qui nous laissent surfer à volonté sur leur canapé (nous espérons que vous comprendrez la référence !) Ils se présentent comme deux Hommes du terrain : elle éducatrice spécialisé, lui aide soignant. Nous leur avons parlé du DSAA in Situ Lab, une formation dont ils ne s’imaginaient pas l’existence. Une véritable alchimie s’est opérée, nous ne pouvons travailler l’un sans l’autre.
Nous allons maintenant nous coucher car demain nous participons à la Rencontre autour de la Permanence Architecturale au Point Haut à Saint Pierre des Corps avec notamment Patrick Bouchain et Marie Blanckaert comme intervenants.
À la Une : photomontage du designer graphique, Thibaut Chignaguet en collaboration avec le photographe monsieurj pour l’identité du Point Haut, 2015.
6 mois ont passés depuis notre première visite à Natzwiller. Reprenons notre bâton de pèlerin et rappelons quelques éléments. Natzwiller est un village de 600 habitants, situé dans la haute vallée de la Bruche à 50 km au sud ouest de Strasbourg. La Rothaine, petite rivière, chatouille les moustaches du village.
Aujourd’hui, jeudi 15 octobre, le « Labo Rural » s’est rendu à Natzwiller pour entamer un travail d’investigation. Afin bien comprendre le fonctionnement de la commune, les relations entre les habitants ainsi que leur(s) histoire(s), les lieux fréquentés, les initiatives locales (entre habitants et pour la communauté) (…) nous avons pris rendez-vous avec quelques locaux.
Munis non pas d’un bâton mais d’une grande carte du territoire nous avons discuté avec Jean-Pierre Schahl, un ouvrier à la retraite de l’ancienne usine plastique de Wildersbach (un village voisin). A vrai dire nous avons été intrigué par un petit panneau « Poterie » a l’entrée de sa maison, puis en entamant la discussion, Jean-Pierre nous a confié qu’il expose chez lui des pièces en céramique faites par sa fille (résidant à Strasbourg). Finalement, nous en sommes venu à parler de ses connaissances dans le village, des lieux qu’il fréquente et de ses activités, comme les repas du club des lundi !!
Suite à cette halte inattendue, nous nous sommes rendu chez Pauline, une jeune maman habitant à Natzwiller depuis 2008 (ce qui est récent en comparaison de ses voisins). Adhérente de l’association tricot, et future présidente de l’association des parents d’élèves, elle est toujours bien occupée, et comme beaucoup de Natzwillerois, elle s’occupe de son jardin « dès que les enfants font la sieste ». Grâce à elle nous avons pu constater de l’énergie de son quartier.
L’heure du repas approche, mais nous décidons de terminer la matinée en discutant avec Clarisse, la secrétaire de mairie. Très au fait de ce qu’il se passe dans le village, elle nous à parlé des différents point de rencontres. Cependant, elle n’habite plus à Natzwiller même, mais à la Broque, de ce fait elle ne partage plus autant la vie de quartier/village.
Il est temps de se restaurer !! L’auberge Metzger, qui nous a été vanté de nombreuse fois nous accueille. A notre grand étonnement, il y a plus de monde dans le restaurant que dans le village !! A la fin de notre (délicieux) repas nous discutons avec une employée de l’auberge, qui nous explique que quelques employés sont résidents du village, mais que la clientèle est surtout issues des entreprises locales voire de Strasbourg.
Avant d’aller à la rencontre de notre dernier rendez-vous de la journée, une petite balade dans le village nous a permis de mieux explorer le terrain de l’ancienne usine textile.
Puis nous voici chez Materne Felder, natif de Natzwiller, et ouvrier à la retraite de l’usine textile. Très actif dans la commune, il apporte son aide facilement, pour réparer, bricoler (…) en plus de s’occuper de l’entretiens du terrain de foot. Visiblement passionné et fervent footballeur, il est très actif dans le fonctionnement de l’association sportive de Natzwiller. Enfin, nous avons visionné un film sur les évolutions de la production de textile dans la vallée de la Bruche.
Cette journée n’est que l’amorce d’un long travail sur le terrain. Nous avons encore de nombreuse personnes à rencontrer, des tests à réaliser… Mais pour le moment, la suite de la semaine de l’innovation publique se déroulera dans Strasbourg, afin de questionner les Passants, usagers de lieux … à l’aide de nouveaux outils !!!
Aussitôt arrivé aussi tôt reparti, me voilà propulsé à 17h sur le CSC d’Elsau, quartier « en marge » de Strasbourg. J’y rencontre la directrice, Mme Schmitt, qui, entre deux « Bonjour » tendu aux habitants, me redirige vers Momo, responsable de l’accueil jeune. Il me fait visiter la spacieuse structure, et répond à mes multiples questions sur le fonctionnement et la place du SCS au sein du quartier. Les métaphores défilent, tantôt « poumon du quartier », « ruche » où s’échangent de bons procédés entre associations et CSC).
« Une impression de faire plus ce qu’on devrait faire ? », « Ah ça, … par exemple la prise en charge des demandeur d’emploi ».
« 20 ans d’ancienneté ici, oui, les choses changent. Mais en attendant, on a toujours pas d’aide pour réparer l’isolation sonore ».
« Je reste fier du fait qu’on arrive à réconcilier des familles et à porter des jeunes dans la création d’entreprise ».
En sortant, je discute avec un habitant, « t’aurais pas une clope ? », qui stationne devant le centre. « Il y a plus de travail ici, … Ah si, à la boulangerie, qui vient de fermer ». Le centre social culturel comme le dernier poumon ?
À 15 heure, au centre social culturel d’Illkirch, « le Phare de l’Ill»,les jeunes son absence. La secrétaire m’annonce qu’ils arrivent seulement vers 17h pour l’aide au devoir car c’est la période scolaire. « Ho vous savez, hier, Mercredi, c’était pas aussi calme … Hola, bien au contraire ! ». Je rencontre ensuite l’équipe d’animation du secteur jeunesse. Tout de suite après avoir annoncé mon intérêt pour les CSC, ils me proposent d’intervenir à la fin des vacances, auprès d’un jeune public de 12-14 ans. Nous resterons en contact pour convenir du contexte d’intervention : animation seul ou avec mon groupe labo « outil de transmission » ? Quel aspect du projet de diplôme explorer ? Rendez-vous le 2 Octobre.
De 11h30 à 13h 30. Créneau horaire de deux petites heures. Deux heures intenses de passages, de brouhahas. Deux heures productives, créatives. Entre lycéens en filières générales, apprentis en filières professionnelles, personnes en reconversion et collégiens de cinquième, les récits d’expériences d’orientation étaient aussi variés qu’enrichissants.
L’outil Mix-Met est efficace pour discuter autour des parcours de chacun. Ils se confient facilement tout en confrontant leur vision du métier dont ils sont en train de réaliser leur portrait robot. Les cartes professions courantes (type dentiste, avocat…) leur permet de raconter plus longuement leur orientation personnelle, les cartes plus ardues leur permettent de découvrir des métiers jusqu’alors inconnu et leur faire prendre conscience de l’éventail des possibles mais aussi de les faire s’interroger sur où ils se renseigneraient pour découvrir ce métier.
Rendez-vous demain, même heure, même endroit pour une nouvelle session. Je tenterai aussi de m’immiscer entre les conversations de la pause de 10h pour capter les parcours des non-demi-pensionnaires !
Et si je vous pose une simple question : pour ou contre l’écriture à la main ?
Que me répondez-vous ?
Voici les réponses accumulées aujourd’hui dans le centre touristiques de Strasbourg. Des anecdotes, des histoires concertants un entourage proche et souvent en bas-âge, des maximes, des opinions souvent très communes, mais surtout une majorité écrasante de POUR.
« Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient » dicton d’un grand-père.
C’est pour cela que l’on remet ça demain, rendez-vous à la gare de Strasbourg pour un stand moins nomade et plus voyant ! En espérant y retrouver du monde.