Située à l’entrée de Strasbourg, la place de Haguenau en est le premier aperçu pour les touristes et les automobilistes venus de Paris. Lieu centripète, il met en scène un parc entouré d’un échangeur distribuant les principaux quartiers de Strasbourg (quartier juif, centre-ville et gare). Il amène pollution sonore et visuelle avec la Maison du Bâtiment aujourd’hui désaffectée qui sert de support publicitaire à grande échelle. Réseau tentaculaire, la place de Haguenau combine voie ferrée, routes, pistes cyclables et promenade piétonne. Les usagers s’y croisent pour entrer ou sortir de la ville selon les moments de la semaine ou de la journée, sans s’apercevoir. C’est donc un lieu transitoire où les flux et les reflux se croisent. Cette effervescence est cependant atténuée si l’on s’en éloigne pour rejoindre les fronts de Schiltigheim, quartier résidentiel, via des chemins piétons bordés de jardins et potagers familiaux.
Après cette première phase d’observation du terrain, nous nous dirigeons vers le recueillement d’informations données par les usagers. Pour ce faire, nous procédons à l’élaboration d’un outil brise-glace destiné à nous permettre de mieux appréhender les passants. Il se doit d’être engageant, d’inciter à l’échange, d’attiser la curiosité. Nous l’intégrons à nos recherches comme un véritable accessoire du dialogue.
Nous choisissons de procéder à un questionnement ludique. C’est ainsi que nous développons un outil de communication visuel faisant appel à une brève manipulation. Le but est d’offrir au passant la possibilité de donner sa vision de la place en la modelant selon ses souhaits.
Il peut ainsi minimiser ou agrandir la présence de certains éléments représentatifs du lieu.Ces outils décomplexent l’usager et nous permettent à la fois d’engager le dialogue mais aussi de le poursuivre.
Les informations recueillies avec nos outils brise glace nous dirigent vers différentes pistes :
- Face à l’état sauvage des friches bordant l’autoroute, nous nous interrogeons sur son réaménagement possible : « l’autoroute prend l’aire » devient pour nous l’occasion de questionner cette organisation et de la bousculer afin de penser aussi ces lieux volontairement délaissés. Comment rendre l’usager sensible à son environnement ?
- Nous observons lors de nos allées et venues sur la place la présence d’un important flux dût à la fonction de distribution propre à la place En questionnant les habitués du parc, nous apprenons qu’autrefois la place était prisée par les autostoppeurs. C’est à partir de cet échange que nous envisageons la piste « emmenez-moi », où le citadin disposerait d’une fonction support au covoiturage. Dans un deuxième temps, nous creusons le caractère bruyant de ces flux en nous interrogeant sur le contraste entre le parc paisible et calme et l’anneau d’échangeur bruyant l’entourant. Nous constatons alors que les citadins ont une opinion positive du parc, il est devenu leur cocon, leur lieu de confidences. C’est ainsi que nous nommerons cette autre piste.
- Grâce aux différentes cartes que nous avons créée, nous nous apercevons des diverses directions offertes par les échangeurs situés sur la place. Il nous apparaît alors évident d’en faire une source de réflexion, mais aussi un avantage. De cette constatation naissent les pistes « échangeurs/échangistes » et « se mettre au vert ». Pour la première, nous nous proposons de travailler autour du concept de l’échange entre régions/villes ; il s’agit de faire de la place un lieu d’échange, de troc accessible et dynamique. Pour la seconde, nous nous proposons par exemple, d’élaborer une signalétique non pas dirigée vers la destination mais vers le loisir.
Après un premier bilan en cours de projet, nous choisissons d’aborder une nouvelle phase de recherche. Les maîtres mots sont le flux et l’échange, le tout dans une volonté d’apporter un de la poésie au lieu. Nous souhaitons ranimer l’envie de se rendre sur la place de Haguenau, en enchantant le lieu.
Nous avons décidé de trier les notions qui nous intéressaient dans toutes ses pistes. Les principes du flux (très présent sur la place) et de la poésie (grand besoin) se sont imposés à nous. Après diverses discussions, nous avons décidé de proposer une structure d’accueil basé sur le tourisme inversé (à savoir ne plus rentrer dans Strasbourg mais en sortir)
Le programme joue sur deux temporalités. D’abord il s’agit de redonner aux habitants l’envie de fréquenter le lieu. Nous souhaitons donc proposer une structure chaleureuse pour s’y réunir puis sera mis en place un système pour mieux comprendre comment la place de Haguenau s’inscrit dans l’Alsace et comment tirer parti de cette position.
Nous allons donc concevoire une micro-architecture textile associée à du mobilier pour créer à la fois un espace de rencontre et une signalétique alternative.Puis dans un deuxième temps, sera mis en place une borne d’orientation interactive proposant des activités à mener hors de Strasbourg comme des randonnés.
Nous envisageons d’aller plus loin pour que cet espace devienne un lieu où les habitants et les touristes puissent se retrouver pour prévoir des sorties ensemble.