Marie-Odile, ergothérapeute en rhumatologie à l’hôpital de Hautepierre, Mardi 18 octobre. Pour une première rencontre nous rejoignons Marie-Odile dans son espace de travail, afin de mieux se connaître avant de travailler ensemble. Elle aime parler de son travail, c’est une interlocutrice très intéressante, agréable et objective, qui n’hésite pas à mettre le doigt sur ce qui va et ne va pas. Elle nous dit qu'elle collabore régulièrement avec d’autres professionnels de santé. En particulier avec la psychologue référante de l’ETP Rachelle et sa responsable Cristelle. Une co-opération facilitée par la bonne entente entre ses membres. Elle nous explique ensuite son travail à Hautepierre et son intervention ponctuelle en ETP. Sur deux jours à une semaine d’intervalle les patients inscrits à l’ETP rencontrent 9 intervenants dont Marie-Odile. Son intervention se déroule sur une heure, divisées en deux parties, une première présentation du métier d’ergothérapeute puis un cas pratique: “Quels sont les problèmes que vous rencontrez au quotidien? Montrez-nous. Regardez il y a une solution qui existe (ou pas)” . Marie-Odile partage ses astuces, les patients peuvent aussi échanger ensemble, se partager leurs astuces. Ils viennent souvent avec une problématique. À la fin ils fixent leurs objectifs: “Pour demain qu’est-ce que je change dans ma routine …" Ce sont toujours des objectifs réalisables, il n’y a pas d’intérêt a leur fixer des choses impossibles. C’est un temps très court, il faut vite cibler ce que veulent et peuvent faire chaque patient. De plus l’hôpital a tendance à “surbooker” les journées ETP (7 voir 8 personnes) car il y a eu beaucoup de désistements imprévus. Il faut de l’attention et du temps pour que les gens pensent à ce qu’ils vont dévoiler ou souhaitent changer dans leur quotidien, l’idéal serait 5 à 6 personnes. Dans son travail quotidien d’ergothérapeute, Marie-Odile est amenée à bidouiller des petits objets au sein de l’Hôpital. Au niveau de l’hygiène il n’y pas de regards quand à ce qu’elle fabrique. Elle nous parle aussi de l’ancienne existence d’un atelier menuiserie et céramique dans l’hôpital, destiné aux ergothérapeutes. Il a été fermé pour cause budgétaire et aussi car la ré-éducation a été déplacée en centre-ville (Boulevard Clemenceau). En ré-éducation c’est différents les patients restent plus longtemps ou reviennent régulièrement. Marie-Odille enchaîne avec les aides-techniques que l’on peut trouver en grande surface et qui sont donc plus accessibles et plus facile à accepter par les patients. Ils ne retiennent pas toujours ce que l’ergothérapeute leur conseil même si une aide-technique améliorerai considérablement leur vie, ils ne sont pas toujours prêt à l’accepter et préfèrent passer par de la “bidouille” avant d’acheter un outil d’assistance technique. En discutant, nous comprenons qu’il serait intéressant pour nous de rencontrer la psychologue Rachelle sur le thème de la résilience, et de l’acceptation de la maladie par le patient. Il nous faut trouver le bon moment dans le parcours patient pour introduire notre projet. Cela prend du temps à accepter d’être assisté par un objet médical. Une aide technique peut-elle avoir une plus value devenant un moyen d’acceptation de la maladie? Nous portons particulièrement notre attention sur l’atelier menuiserie et céramique, peuvent-ils être ré-introduit d’une autre manière ? Comment cela se passe-t’il en ré-éducation ? La mutualisation des trucs&astuces patients, et l’action patient semblent aussi être de bonnes pistes de réflexion. Peuvent-ils réaliser des aide-techniques eux-même ? La prescription deviendrait alors une notice d'utilisation.
Pour un petit avant goût du projet, avec quelques-unes de nos créations déjà!
Dans le cadre de l’éducation thérapeutique, Elín et Maëva souhaitent mettre en place un nouveau service dans l’hôpital où médecins, patients et designers se concertent sur la fabrication d’objets pour améliorer le quotidien des personnes atteintes de maladies chroniques. Leur projet s’inscrit au moment du retour à la maison, devenue inadaptée. Il se situe dans cette phase de transition hôpital/maison. Pour faire correspondre l’environnement des patients à leurs nouvelles capacités de préhensions et de forces, des aides techniques leur sont proposées. En assistant à une séance d’ergothérapie, Elín et Maëva comprennent que les patients ont du mal à les accepter et les utiliser. Ces objets sont stigmatisants et impersonnels, ils les renvoient directement à leur maladie et les identifient comme souffrants. Pour les deux étudiantes c’est un point important, comment créer des objets familiers aux patients et toujours adaptés. Les formes, textures et couleurs parlent, il faut poursuivre le travail au cas par cas dans une logique d’ultra-personnalisation. Il s’agit de trouver le juste milieu entre l’objet fonctionnel adapté et l’objet auquel on s’attache. Elles questionneront l'objet aidant adapté à un individu autant dans sa fonction que dans sa sémantique. C’est à partir de cela qu'elles pourront construire avec le patient un univers d’objets juste, auquel il s'identifie, qu’il aura plaisir à utiliser.